Intervention de Michel Liebgott

Séance en hémicycle du 8 novembre 2012 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2013 — Travail et emploi

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Liebgott :

Madame la présidente, messieurs les ministres, mes chers collègues, élu depuis 1997, je mesure l'étendue du changement que nous vivons en ce début de quinquennat, après toutes ces années passées sous les gouvernements de droite. Comme Barack Obama, je pense que le meilleur reste à venir – du moins pouvons-nous être certains que le pire est derrière nous ! (Rires sur les bancs du groupe SRC.)

Je n'ai que l'embarras du choix pour donner des exemples de la politique menée ces dernières années. Sur le plan technique, je citerai les outils pour l'emploi que vous avez laminés, avec une réduction de 40,7 % des budgets consacrés à la mission « Travail et emploi » – on est ainsi passé de 16,8 à 9,95 milliards d'euros entre 2002 et 2012. En matière d'emploi, le constat est simple : on compte un million de chômeurs supplémentaires depuis 2007, alors que, de 1997 à 2002, on avait compté un million de salariés supplémentaires et deux millions d'emplois créés.

La désindustrialisation est massive : le rapport Gallois vient de le rappeler, la part de l'industrie dans la valeur ajoutée totale est passée de 18 % en 2000 à un peu plus de 12,5 % en 2011, ce qui nous place désormais très loin derrière l'Allemagne et l'Italie. Élu de Moselle, je mesure la réalité de ce déclin de façon encore plus sensible dans le secteur de la sidérurgie, où nous importons malheureusement plus d'acier que nous n'en exportons : alors que nous avons besoin de 17 millions de tonnes d'acier, nous n'en produisons plus que 15 millions. Le site de Gandrange est fermé et d'autres connaîtront peut-être le même destin.

Je pourrai citer bien d'autres exemples, telle la dégradation de la balance commerciale, déficitaire de 70 milliards d'euros en 2011 alors qu'elle était excédentaire de 8 milliards d'euros en 2002 – c'est dire la pente dramatique sur laquelle se trouve notre économie depuis quelques années.

Sur le plan de l'éthique et de la morale, on se souvient de la culpabilisation des chômeurs et des exclus, caricaturés en « assistés » comme s'ils refusaient de travailler, et des dispositifs que vous aviez inventés, chers collègues de l'opposition, telle l'offre raisonnable d'emploi, qui imposait à un demandeur d'emploi d'accepter, après deux refus, la troisième proposition qui lui était faite, même s'il s'agissait d'un emploi éloigné de son domicile et peu payé.

Vous avez fait fonctionner le service de l'emploi à contre-emploi, si j'ose dire, en gelant la subvention à Pôle emploi et en réduisant ses effectifs de 1 800 postes, alors même que le chômage explosait en 2011. De ce fait, chaque conseiller devait suivre 150 à 200 dossiers, ce qui ne permettait évidemment pas de travailler dans de bonnes conditions. Ainsi, l'offre et la demande pouvaient difficilement être mises en adéquation, quand bien même un certain nombre d'entreprises cherchaient des salariés !

Il y aurait encore bien d'autres choses à dire, ce qui fait que le Gouvernement doit maintenant agir sur tous les fronts. Il lui a d'abord fallu rassurer les marchés et ses partenaires, consolider l'euro – et l'Europe, d'une certaine manière –, avant d'engager la lutte contre les déficits publics. Il est paradoxal de constater que la droite, chantre de l'équilibre budgétaire et toujours prompte à accuser la gauche d'être incapable d'assurer une gestion correcte, n'a fait que creuser les déficits publics qu'il nous revient aujourd'hui de combler. De même, alors que les gouvernements de droite qui nous ont précédés ne juraient que par le soutien aux entreprises, c'est à nous qu'il revient de mettre en oeuvre un pacte productif !

Au-delà de la mission « Travail et emploi » et même de ce budget, nous attendons de ce Gouvernement la création d'au moins 300 000 emplois grâce au pacte productif, une augmentation du PIB de l'ordre de 0,5 % durant tout le quinquennat, toutes choses absolument nécessaires si nous voulons redresser la situation de l'emploi. Quand M. Copé qualifie le pacte de compétitivité de mensonge d'État parce que, selon lui, ce dispositif ne compensera jamais l'énorme augmentation des impôts des entreprises qui aurait été appliquée ces derniers mois – alors qu'en réalité, nous venons à peine d'arriver…

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