Intervention de Jean-Marc Germain

Séance en hémicycle du 8 novembre 2012 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2013 — Travail et emploi

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Marc Germain :

Madame la présidente, messieurs les ministres, messieurs les rapporteurs, chers collègues, nous étions ce matin avec le Président de la République pour la signature des douze premiers contrats d'emplois d'avenir.

Les emplois d'avenir, c'est Stéphanie, dix-neuf ans, qui ce matin a rejoint la Croix Rouge pour faire de l'aide à la personne. Les emplois d'avenir, c'est Florian, dix-neuf ans, CAP paysagiste, qui a signé avec la SNCF et va devenir cheminot. Les emplois d'avenir, c'est Tony, vingt ans, CAP électricien, qui va travailler pour la communauté d'agglomération de Marne-et-Chantereine.

Ces contrats marquent le véritable coup d'envoi du redressement de la France.

Cet été, nous nous sommes attelés à éviter le naufrage. Le naufrage aurait été de laisser dériver nos finances publiques, nous l'aurions payé par des taux d'intérêt plus élevés. Nous avons bouché les trous et replacé la France sur la voie d'un retour à l'équilibre sur le quinquennat.

Le naufrage aurait été de continuer à dire aux employeurs de faire des heures supplémentaires plutôt que d'embaucher : nous avons mis fin à cette anomalie française née du sarkozysme.

Le naufrage aurait été de ne pas empêcher cette hausse de la TVA au 1er octobre qui aurait définitivement plongé la France dans la récession, et les Français dans des difficultés encore plus lourdes pour boucler leur fin de mois.

Avec la signature des premiers emplois d'avenir, c'est la reconquête de l'emploi qui est en marche. Elle commence avec ceux qui sont les plus exclus du marché du travail, ceux qui souffrent le plus de son dysfonctionnement, les jeunes sans emploi, sans qualification.

Pour eux, c'est la double peine : sans emplois, pas d'expérience ; sans formation, aucune chance de décrocher un emploi si on ne les y aide pas. Un de ces jeunes sur deux est au chômage et parfois deux sur trois dans les zones urbaines sensibles et dans les départements et territoires d'outre-mer. Avec 440 millions d'euros en 2013, une hausse de 75 % des autorisations de programme en matière d'aide à l'emploi, un maintien des contrats d'accès à l'emploi et des contrats initiative-emploi, 2 000 postes créés à Pôle Emploi, l'urgence, c'est le retour à l'emploi des plus éloignés du marché du travail, c'est la priorité du budget que vous nous présentez aujourd'hui, monsieur le ministre, et c'est la raison pour laquelle le groupe socialiste le votera.

À ces l50 000 emplois d'avenir viendront s'ajouter dans quelques semaines 500 000 contrats de génération, dont 150 000 dès 2013 comme l'a annoncé ce matin le Président de la République. Des contrats pour les jeunes, mais aussi pour les autres victimes du chômage de masse, les seniors, qui sont écartés de plus en plus tôt de l'emploi et qui sont particulièrement exposés au chômage de longue durée.

La signature hier soir du texte par les partenaires sociaux ouvre la voie à une validation législative par le Parlement de cette deuxième pièce essentielle de l'arsenal anti-chômage. Pour notre part, nous suivrons les partenaires sociaux dans l'accord qu'ils ont conclu.

Le Premier ministre l'a annoncé mardi, je l'avais dit pendant les débats sur les emplois d'avenir, nous n'opposons pas les contrats aidés aux contrats d'apprentissage : c'est la raison pour laquelle nous soutenons totalement l'objectif d'aboutir avant la fin du quinquennat à 500 000 contrats d'apprentissage.

Voilà pour l'urgence. Mais il n'y aura de redressement durable de la France que si nous parvenons à redresser la compétitivité de notre pays. Je vous ai beaucoup entendus sur cette question, chers collègues de l'UMP, depuis quelques jours, et je sens la grande gêne qui vous traverse. Les uns nous disent en effet : « C'est un copié-collé de ce qu'avait proposé Nicolas Sarkozy », les autres nous disent que les mesures que nous prenons sont homéopathiques et que nous avons enterré le rapport Gallois. Il faut choisir ! Ce qui ne se conçoit pas bien ne s'énonce pas clairement.

Mais la raison profonde de votre gêne n'est pas là. Cela fait dix ans que la question de la compétitivité se pose à notre pays. Cela fait dix ans que vous êtes au pouvoir et que vous n'avez pas fait ce qu'il fallait pour la compétitivité. Car le rapport Gallois, c'est d'abord un réquisitoire contre vos dix années au pouvoir.

Il y a dix ans, le solde commercial de la France, hors énergie, c'était 25 milliards d'euros ; aujourd'hui, c'est toujours 25 milliards, mais il y a un moins devant. (« Eh oui ! » sur les bancs du groupe SRC.)

Entre 1997 et 2002, nous avions fait baisser le chômage d'un million ; le bilan de Sarkozy, votre bilan, c'est aussi un million, mais la différence est de taille : c'est un million de plus !

Les déficits ? Pas une seule fois au-dessus de 3 % lorsque nous étions au pouvoir ; et pas une seule fois en dessous de 3 % depuis cinq ans.

Vous nous laissez non seulement une situation économique et sociale très difficile, mais aussi un État sans moyens financiers pour y répondre, aux caisses vides et croulant sous les dettes.

Bien sûr, il y a la crise. Mais il y a aussi votre responsabilité. Le budget de l'emploi qui est passé de 12 à 10 milliards, ce n'est pas la crise, c'est vous ! Les milliards dépensés dans le bouclier fiscal et pour la baisse de l'impôt sur la fortune, ce n'est pas la crise, c'est vous !

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