Intervention de Jean-Marc Germain

Séance en hémicycle du 8 novembre 2012 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2013 — Travail et emploi

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Marc Germain :

Pôle Emploi déstabilisé, l'AFPA au bord de la faillite, ce n'est pas la crise, c'est vous ! Les aides aux banques sans contreparties, c'est vous ! Les subventions aux heures supplémentaires plutôt qu'aux embauches, c'est vous !

Quand on a de tels résultats, comme aime à le dire un ancien Premier ministre, on ne présente pas son bilan, on présente ses excuses ou en tout cas on fait profil bas. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)

La compétitivité, vous vous en êtes désintéressés pendant dix ans, à tel point – et je crois que c'est sans précédent dans l'histoire de notre République – que la mesure que vous défendez aujourd'hui ne s'appliquait que trois mois après la fin du quinquennat précédent.

Le remède que vous aviez prévu était pire que le mal : au lieu du choc de compétitivité que vous prétendiez rechercher, nous aurions eu un choc de décroissance, avec une ponction de 10 milliards sur le pouvoir d'achat dès le 1er octobre. Cela aurait été le coup de grâce pour une économie aujourd'hui chancelante.

Nous, nous n'attendrons pas la dernière heure du quinquennat pour prendre nos décisions, nous le faisons dès la première année avec le plan qu'a annoncé le Premier ministre mardi. Et nous le faisons de la manière la plus forte qui soit : 20 milliards d'euros à travers le crédit d'impôt compétitivité-emploi.

Cet effort, il devra servir à soutenir la vraie compétitivité. Il devra aller aux entreprises qui en contrepartie feront un effort en matière de recherche, d'innovation, d'investissement et de formation. Oui, là est la vraie compétitivité.

C'est un capitalisme de projet plutôt que la recherche de la hausse sans fin des profits, un capitalisme du long terme plutôt que la tyrannie du court terme, un capitalisme qui croit que le plus précieux des investissements, c'est le capital humain.

Oui, pour nous la compétitivité, c'est ce que dit le rapport Gallois, c'est la montée en gamme de notre appareil productif. C'est aussi une autre conception du travail, fondée sur la conviction que ce qui fait la richesse d'une entreprise, ce sont les femmes et les hommes qui y travaillent, c'est leur coopération et pas une mise en concurrence aussi stérile qu'improductive.

C'est pour cela que nous attendons beaucoup de la négociation sur la sécurisation professionnelle, qui doit permettre d'améliorer 1a sécurité des salariés tout en donnant des capacités d'adaptation aux entreprises.

C'est le CDI qui doit redevenir la règle, et le temps partiel subi l'exception. C'est la participation des salariés aux grandes décisions des entreprises, à travers leur participation aux conseils d'administration ; ce sont des entreprises qui informent et consultent leurs salariés sur les grandes décisions économiques et, lorsqu'elles ont des grands ajustements à faire, qui en discutent et en débattent avec eux le plus en amont possible. Et ce sont des voies de recours en cas d'abus. C'est un moment historique qui se joue en ce moment, comme l'a dit le Président de la République, et nous espérons que cette négociation sera couronnée de succès.

Notre économie, nos entreprises ne s'en sortiront pas seules. Elles ne s'en sortiront que si l'État est capable de mobiliser toutes nos forces vers des filières porteuses d'avenir. La puissance publique doit retrouver son rôle d'éclaireur, donner des impulsions, tracer des directions. Il faut recréer des outils de prospective : ce sera fait dans les semaines qui viennent, avec la création du Commissariat à la prospective et au dialogue social.

Il faut retrouver les moyens d'investir dans les secteurs-clefs, ce sera le rôle de la Banque publique d'investissement : elle sera dotée de 42 milliards d'euros et alimentée par un nouveau livret d'épargne industrie pour drainer l'épargne des Français vers nos entreprises.

Il nous faut aussi partir à la conquête de nouveaux marchés et pour cela constituer ce réseau d'entreprises de taille intermédiaire qui fait la force de l'Allemagne et qui manque tant à notre pays. La BPI les aidera dans leurs projets à l'exportation et pour elles, le crédit d'impôt recherche sera étendu à l'innovation.

Chers collègues, le chômage n'est pas une fatalité. Aujourd'hui, avec ce budget, avec ce changement d'échelle de la politique de l'emploi, avec la réorientation de la croissance en Europe, avec les annonces qui viennent d'être faites en matière de compétitivité, avec la Banque publique d'investissement qui sera mise sur pied dans quelques jours, notre pays prend enfin le taureau par les cornes !

L'heure est maintenant à la mobilisation de toutes les forces vives du pays dans la voie tracée par le Président de la République et le Gouvernement. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

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