Intervention de Bernard Bigot

Réunion du 27 mai 2014 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Bernard Bigot :

La dissuasion exige des développements technologiques du niveau des meilleurs savoir-faire mondiaux et constitue de ce fait un moteur formidable pour la recherche. C'est là tout l'intérêt du CEA qui rassemble dans un ensemble cohérent la DAM et les développements scientifiques et technologiques ciblés réalisés dans le cadre du CEA civil, qui se consacre à l'énergie nucléaire, aux énergies renouvelables et notamment l'efficacité énergétique et le stockage, ainsi qu'aux technologies de l'information. Et c'est bien parce que la dissuasion a eu besoin de quelques composants de très haut niveau et parce qu'au terme de vingt ans de travaux et d'un investissement considérable, une coopération avec les industriels a abouti à la technologie de pointe du silicium sur isolant que l'Europe a pu conserver une capacité de production de composants de micro-électronique de pointe. Il est essentiel de souligner que l'unicité du CEA qui rassemble les composantes technologiques et scientifiques, d'une part, et à finalités militaires, d'autre part, est une chance pour la défense et le civil grâce à la circulation des hommes et à la simplification des échanges hors de la complexité inhérente à la coopération scientifique entre organisations distinctes.

Pour ce qui concerne les neutrinos et antineutrinos, il s'agit d'un sujet dont je crains que la complexité n'échappe souvent à ceux qui l'évoquent. Le CEA mène, à proximité d'installations d'EDF, des travaux scientifiques civils, en partenariat avec les États-Unis, le Royaume-Uni, le Japon, la Russie,…, afin d'explorer les potentialités que recèlent ces particules en termes de capacité de détection. Je vous invite à vous rendre à Chooz, dans les Ardennes, où vous pourrez constater la complexité et la taille considérables du détecteur placé à proximité d'un réacteur en service continu contenant 140 tonnes de combustible afin de détecter seulement quelques neutrinos, ce qui représente déjà un défi. Vous comprendrez donc que détecter dans l'immensité marine le fonctionnement d'une chaudière à propulsion nucléaire de taille bien plus réduite et en outre mobile, ou l'évolution de la matière nucléaire au sein des armes, relève aujourd'hui d'un rêve qu'aurait pu faire Jules Verne. Je vous informerai si des données suffisamment fiables permettent d'établir l'existence du risque que vous évoquez car, en matière de neutrinos, personne n'est aujourd'hui en mesure d'imaginer le moyen de détecter un sous-marin en fonctionnement.

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