Intervention de Annie Genevard

Séance en hémicycle du 8 novembre 2012 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2013 — Travail et emploi

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAnnie Genevard :

Loin du traitement social du chômage, de l'impuissance et de commisération, l'apprentissage est, on le voit, un choix de société fondé sur la confiance dans notre jeunesse et la forte implication de tous.

L'apprentissage est un humanisme.

Examinons quelques comparaisons avec l'Allemagne. Il y a outre-Rhin 1,6 million d'apprentis, soit 11 % des jeunes entre quinze et vingt-neuf ans, contre 5 % en France, et un taux de chômage des jeunes de 8 % contre près de 23 % chez nous. Il y a forcément une corrélation. Citons l'exemple, qui devrait nous inspirer, de Jürgen Schrempp qui a débuté comme apprenti mécanicien pour devenir le patron de Daimler.

Trop souvent, l'apprentissage est appréhendé comme une solution de rechange face à un système scolaire qui laisse, chaque année, 150 000 jeunes sans formation et sans diplôme. Mais l'apprentissage n'est pas une voie de garage pour élèves à problèmes. Persister à le concevoir ainsi revient à considérer l'orientation vers la filière académique comme seule légitime. L'exemple allemand est pourtant là pour nous prouver qu'excellence et apprentissage font bon ménage.

Trop souvent aussi, en France, l'image de l'apprentissage se confond avec celle de l'artisanat alors que l'apprentissage, à l'instar de ce qui se fait en Allemagne, peut concerner tous les secteurs : banque, industrie ou assurance. Nicolas Sarkozy l'avait bien compris lorsqu'il appelait de ses voeux la formation de 800 000 à 1,2 million apprentis d'ici à 2015.

Il faut donc en appeler à une révolution culturelle et je me réjouis ici des propos du ministre de l'éducation nationale qui a récemment rappelé que l'école devait préparer les jeunes à un emploi et incité les entreprises à travailler de concert avec les pouvoirs publics.

Aujourd'hui, 14 % des apprentis sont dans le supérieur. Les plus grandes écoles s'y sont mises, montrant que l'apprentissage peut être une filière d'excellence et non pas une filière de seconde zone : 80 % des titulaires d'un BTS ou plus, obtenu en apprentissage, trouvent un emploi un an après leurs examens.

Certes, l'apprentissage n'est pas l'unique solution au chômage des jeunes, mais il contribue à donner du sens à l'enseignement. Grâce à lui, un jeune sait à quoi va servir ce qu'il apprend, et donner du sens c'est éveiller le désir sans lequel il n'y a pas de réussite.

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