Intervention de Michel Sapin

Séance en hémicycle du 8 novembre 2012 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2013 — Travail et emploi

Michel Sapin, ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social :

Pour ma part, j'ai déjà commencé à en rencontrer. Avec le Président de la République, nous avons rencontré ce matin un certain nombre de jeunes – M. Germain a fait allusion à cet événement parce qu'il y a participé. Quand on les a rencontrés, je vous assure que l'on comprend profondément l'utilité de notre projet ; en même temps, on reprend confiance en l'avenir de notre jeunesse, y compris de celle qui rencontre les pires difficultés.

Ces jeunes ont des envies profondes. Ils ont envie qu'on leur fasse confiance. Ils sont prêts aux exigences du retour à l'emploi, de la discipline dans le travail, et à celles de la formation qui leur est nécessaire. Jamais aucun employeur ne leur avait jusqu'alors donné leur chance au-delà d'un stage, d'un petit boulot ou d'une mission d'intérim. Jamais personne ne leur avait fait confiance – c'est ce qu'ils nous disaient encore ce matin. Tous nous ont rapporté l'absence de réponses lorsqu'ils déposent leur candidature pour un poste. Quand, par miracle, une réponse leur parvient, c'est toujours la même : on leur demande de revenir lorsqu'ils pourront faire valoir une expérience. D'autres patrons leur demandent de présenter un diplôme pour être embauchés : or ils n'en ont pas, et un retour à l'école ne serait pas aujourd'hui une solution pour eux. Nous connaissons tous de brillants exemples d'hommes et de femmes qui ont appris tout seul, qui ont forgé sur le tas ce qu'ils sont devenus. Laisser ces jeunes sans solution reviendrait à gâcher des talents, des forces de travail, des motivations et une part évidente de notre avenir. Un pays qui ne soutient pas sa jeunesse insulte son avenir !

Les emplois d'avenir sont donc une réponse adaptée à ces jeunes. Ils supposent une mobilisation des employeurs que je veux saluer. En effet, il ne s'agit pas seulement de donner un emploi à des jeunes qui n'en ont pas, mais aussi de leur donner une qualification. Vous l'avez tous souligné : les emplois d'avenir incluent et exigent une formation pour que les jeunes qui en bénéficient puissent, par la suite, voler de leurs propres ailes.

Notre troisième grande préoccupation – beaucoup l'ont soulignée, et je les remercie pour leur soutien – est la consolidation du service public de l'emploi, et en particulier le renforcement des moyens de Pôle Emploi. Nous ne pouvons pas combattre le chômage si les personnels au service de l'emploi sont aujourd'hui désarmés. Pour améliorer l'offre de service, notamment l'accompagnement renforcé des demandeurs d'emploi, le Gouvernement a décidé dès le mois de juillet le recrutement de 2 000 équivalents temps plein supplémentaires en contrat à durée indéterminée. Il s'agit d'un effort sans précédent pour Pôle Emploi, dont je veux aujourd'hui saluer le travail accompli, même si des améliorations restent nécessaires. Je souhaite encourager les agents dans leur mission difficile : la subvention à Pôle Emploi sera donc augmentée de 8 %.

Cependant, là encore, nous sommes responsables : les efforts seront partagés. Aussi des efforts seront-ils demandés à l'opérateur Pôle Emploi lui-même : en effet, 2 000 équivalents temps plein supplémentaires seront redéployés, d'ici à 2014, vers l'accompagnement renforcé des chômeurs qui en ont le plus besoin, comme le prévoit la convention tripartite qui vient d'être adoptée à l'unanimité par le conseil d'administration de Pôle Emploi. Ainsi, à l'horizon 2014, près de 4 000 agents supplémentaires seront sur le terrain au contact direct avec les demandeurs d'emploi.

Le service public de l'emploi comprend également les missions locales, qui verront leur budget progresser : des crédits d'accompagnement leur seront dédiés dans le cadre du développement des emplois d'avenir.

Au-delà du renforcement des moyens, nous souhaitons renforcer la cohérence du service public de l'emploi au niveau le plus fin de notre territoire. Certains d'entre vous ont souligné la nécessité de voir mieux travailler ensemble Pôle Emploi et les missions locales. Cela me paraît être une évidence. Nous avons vu ce matin l'exemple d'une excellente collaboration à Chelles, où nous signions les premiers emplois d'avenir avec le Président de la République. Cependant, la situation n'est pas la même partout ! Je le disais d'ailleurs au cours de cette réunion : je souhaite que ce qui existe et fonctionne bien sur une partie du territoire puisse être mis en place dans l'ensemble de notre pays.

Dans l'attente d'une réflexion plus globale sur la coordination renforcée des différentes structures dans le cadre de la décentralisation, le Gouvernement a également souhaité reconduire les moyens des maisons de l'emploi.

Quatrième caractéristique de ce budget : il correspond à une politique de l'emploi qui soutient les plus fragiles. Avec le financement des allocations de solidarité, il est prévu de contribuer au régime de solidarité et d'indemnisation du chômage, le fonds de solidarité, à hauteur de 834 millions d'euros.

Plusieurs d'entre vous, sur tous les bancs, ont souligné l'accroissement significatif des mesures en faveur des personnes en situation de handicap, et plus précisément des aides au poste dans les entreprises adaptées. Afin de financer la création de mille places supplémentaires en faveur des travailleurs en situation de handicap en 2013, la dotation budgétaire augmentera de 9 % l'année prochaine. Là encore, je suis fier de souligner l'effort du Gouvernement en faveur de ces personnes qui ont besoin de cette aide supplémentaire.

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