Intervention de Jean-Yves le Drian

Réunion du 27 mai 2014 à 14h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Jean-Yves le Drian, ministre de la Défense :

Monsieur Pueyo, les conditions de vie des militaires à M'Poko étaient difficiles du fait de la rapidité avec laquelle nous avons dû intervenir et de l'extrême pauvreté du pays, mais elles sont en nette amélioration. J'ai pu le constater moi-même sur place.

L'effectif global de l'EUFOR sera de 800 militaires, dont un peu moins de la moitié sont français. Les autres sont des Espagnols, des Italiens, des Estoniens, des Lettons, des Géorgiens, des Finlandais et des gendarmes polonais. J'ai assisté à l'arrivée de certaines de ces unités. Quant au dispositif Athena de prise en charge d'une partie des coûts des opérations européennes, il s'applique à EUFOR, mais selon ses normes actuelles, qu'il me paraît par ailleurs nécessaire de modifier pour augmenter le degré de solidarité européenne.

Monsieur de La Verpillière, s'agissant de la durée de l'intervention au Mali, il est un point sur lequel je n'ai jamais varié : il y aura 3 000 militaires dans la zone, organisés d'une manière nouvelle – dont 1 000 au Mali, mais il ne s'agira plus de l'opération Serval ; déployées à Gao, Niamey, Ouagadougou et N'Djamena, ces forces auront une mission de contre- terrorisme dans toute la zone. Nous avons encore des hommes à Bamako, mais nous allons prochainement achever cette réorganisation.

Quant à la République centrafricaine – je réponds également à M. Candelier –, notre objectif est de revenir le plus rapidement possible à l'effectif initial. Nous avions 400 militaires à M'Poko depuis 2003, soutenus à partir de Libreville : c'est ce chiffre qui doit donner la mesure de notre présence sur place. Je souhaite donc que la MINUSCA prenne dès que possible la place qui lui revient dans le dispositif de sécurité. De même, mon objectif est que l'intervention de l'EUFOR puisse s'arrêter à la fin de l'année, conformément à son mandat actuel.

Il faut pour cela que les parties prenantes trouvent une solution politique à la crise qui perdure. Cela dépend à mon avis des trois conditions que j'ai énumérées – nouvelle discussion au sein de la CEEAC, constitution d'un gouvernement inclusif et organisation d'une conférence nationale de réconciliation –, mais celles-ci relèvent des seuls acteurs politiques, dont les Nations unies. Une fois ces conditions réunies, la MINUSCA, dans sa partie militaire et civile, devra en effet instaurer le dispositif nécessaire à la tenue d'une élection présidentielle. Telle est en tout cas mon hypothèse de travail.

En ce qui concerne le budget, les derniers jours ont été un peu « chauds », pour vous comme pour moi, mais les déclarations du Premier ministre ont clarifié la situation. De toute façon, soyez sans inquiétude : je maintiendrai, à long terme, une vigilance de tous les instants.

Enfin, je ne saurais anticiper les effets qu'auront les élections européennes sur la bonne volonté des autres États membres, mais celle-ci était déjà assez faible. Elle s'est toutefois traduite par plusieurs actes, à commencer par la présence au Mali de 400 militaires néerlandais appartenant à des unités de combat, au bénéfice de la mission des Nations unies. D'autres signes témoignent d'une volonté d'action commune. Je ne peux prévoir la manière dont se construira l'Europe de la défense, mais il s'agit à mes yeux d'une évolution inéluctable.

Monsieur André, je vous remercie de votre soutien à propos de la LPM. Tirée au cordeau, celle-ci n'en garantit pas moins les trois missions majeures de nos armées – dissuasion, intervention, protection du territoire –, aux termes d'un nouveau contrat avec elles, et permet de gérer du mieux possible nos capacités industrielles ainsi que l'emploi dans nos entreprises de défense. Le cadre est contraint mais nous estimons, comme les chefs des armées – le général de Villiers vous l'a dit –, que la voie est praticable. Si l'on veut faire d'autres choix budgétaires, à l'image de ceux de certains pays, nous n'aurons plus la même loi de programmation militaire. Voilà pourquoi je défendrai ce texte bec et ongles.

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