Intervention de Pierre Lellouche

Réunion du 27 mai 2014 à 14h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Lellouche :

Monsieur le ministre, le dernier numéro de Jeune Afrique vous surnomme le ministre de l'Afrique. Souffrez donc qu'un membre de la commission des Affaires étrangères de retour du Mali – j'y étais la semaine dernière avec François Loncle – vous interroge ici.

Je fais partie des inconditionnels de Le Drian, qu'il s'agisse de se battre pour le budget de la Défense ou d'essayer d'accomplir notre mission en Afrique. Ne voyez donc aucune attaque dans ce que je m'apprête à vous dire. Je comprends votre rôle, mais je me dois de faire des constatations dont la portée est grave.

Vous avez parlé à propos du Mali d'« échauffourées » et d'« altercation ». Mais c'est une vraie guerre qui a commencé à Kidal ! Deux préfets et six sous-préfets ont été assassinés, trente fonctionnaires pris en otage, des armes lourdes ont été utilisées et l'armée malienne a perdu une bonne demi-douzaine de villes. J'y étais : c'est une catastrophe dont l'État malien est sorti affaibli, l'armée malienne ridiculisée une fois de plus, le MNLA renforcé. J'ignore quels sont les groupes terroristes qui se sont joints à ce dernier mais, très franchement, nous sommes loin d'être tirés d'affaire ! Vous voilà maintenant obligé de retarder la réorganisation de notre dispositif dans la bande sahélo-saharienne (BSS). On peut toujours minimiser, mais la situation est sérieuse. D'autant que, par cette opération, vous vous êtes marié à la classe politique malienne. Or, si j'aime beaucoup IBK et tous ses ministres, je doute que cette stratégie soit la bonne pour la France.

La situation est pire encore en Centrafrique. On annonce maintenant pour l'automne des élections dont on avait promis qu'elles se tiendraient en février ! Comme mon collègue Candelier, je demanderai : combien de temps resterons-nous ? Et pour quel coût ?

Les dépassements sont permanents. Je vous l'ai dit il y a quelques mois en commission des Finances. Vous invoquez des mutualisations, mais j'ai fait le compte : cette année, il va vous manquer 500 millions d'euros, malgré tous vos efforts et le soutien que nous vous apportons sur tous les bancs.

Ces questions méritent mieux que des approximations flatteuses. Les conflits dont nous parlons ne méritent pas de durer. Quelle en est l'issue pour la France ?

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