Intervention de Valérie Pecresse

Séance en hémicycle du 23 juin 2014 à 16h00
Projet de loi de finances rectificative pour 2014 — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaValérie Pecresse :

Car ne nous y trompons pas, votre baisse d’impôt est très largement un leurre.

C’est un leurre car elle succède à une hausse d’impôt massive et n’en corrige que très partiellement les effets.

Rien que pour 2014, les classes moyennes subissent la fiscalisation de la majoration de 10 % des pensions de retraite pour les retraités ayant élevé trois enfants ou plus, la fiscalisation de l’abondement des entreprises pour les complémentaires santé et l’abaissement du plafond du quotient familial à 1 500 euros.

Et tout cela, c’est sans compter les mesures que vous aviez prises en 2012 et qui, pour la première fois en 2014, sont effectives en année pleine – je pense principalement à la refiscalisation des heures supplémentaires.

D’un côté, vous prenez 4,5 milliards, de l’autre vous en rendez 1,1. Au final, c’est toujours 3,4 milliards qui manquent dans la poche des Français à la fin de l’année !

Votre baisse d’impôts est un leurre car elle ne touche que 1,1 million de contribuables alors que plus de 5 millions de foyers sont touchés, qui appartiennent très largement à la classe moyenne. Gilles Carrez a en effet démontré que, proportionnellement, les plus touchés ne sont pas les ménages les plus aisés mais ceux qui gagnent entre 20 000 et 40 000 euros par an. Pas les riches, n’en déplaise au Président de la République ! Ceux-là verront cette année encore leurs impôts augmenter, plus que les autres. Est-ce juste ?

C’est un leurre, car cette baisse d’impôt est financée par une recette exceptionnelle, au demeurant déjà inscrite au budget : la régularisation des avoirs non déclarés à l’étranger.

Alors, je sais bien, monsieur Eckert, que cette présentation permet de raconter une belle histoire : les amendes des riches fraudeurs venant financer la baisse d’impôts des Français les plus modestes.

(« Eh oui ! » sur les bancs du groupe SRC.)

Mais que ferez-vous l’année prochaine lorsque cette recette exceptionnelle se sera tarie ? Que ferez-vous les années suivantes lorsque, par définition, le produit de ces amendes ne sera plus là, l’argent ayant été rapatrié ?

Irez-vous dire aux ménages modestes, messieurs les députés de la gauche de la gauche, que le trésor s’étant tari, ils vont devoir remettre la main à la poche ?

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