Intervention de Dominique Baert

Séance en hémicycle du 23 juin 2014 à 16h00
Projet de loi de finances rectificative pour 2014 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDominique Baert :

Madame la présidente, monsieur le ministre, madame la rapporteure générale, n’oublions pas qu’en juin 2012, quand François Hollande accède à l’Élysée, la France doit combattre trois déficits : un déficit extérieur de 75 milliards d’euros, un déficit public de près de 100 milliards d’euros, un déficit d’emplois avec près de 3 millions de chômeurs. En deux ans, de nouveaux instruments de politique économique et d’emploi ont été mis en place et des efforts ont été accomplis. Trop, selon les impressions de nombre de nos concitoyens ; trop peu, si l’on s’en tient aux données chiffrées. Malgré les réductions de dépenses et les hausses d’impôts, en l’absence de croissance, les résultats pour probants qu’ils soient – Christian Eckert les a rappelés tout à l’heure avec force – ne sont pas encore à la hauteur de nos espoirs. Si le déficit extérieur et celui de l’État ont baissé – respectivement de 60 et 71 milliards d’euros –, ce n’est pas le cas du chômage.

En réalité, ces trois déficits ne sont pas indépendants et la séquence de la réduction n’est pas neutre. Réduire le déficit d’emplois par une politique accommodante de la dépense peut paraître sympathique, voire prioritaire au regard des analyses premières de la gauche ; mais la dépense en hausse va, dans le même temps, augmenter le déficit public, puisque la dépense publique va croître plus vite que les recettes, et creuser le déficit extérieur, compte tenu des élasticités d’importation de la France d’aujourd’hui. Aussi, après l’illusion d’une amélioration grâce à une augmentation des dépenses, les déséquilibres des comptes publics et extérieurs seraient-ils encore plus forts. À l’inverse, la clé d’une action commune sur les trois déficits passe dans un premier temps par la réduction du déficit extérieur. De fait, celui-ci, quand il est dû comme c’est le cas actuellement à une compétitivité insuffisante, est la cause fondamentale d’une croissance insuffisante, donc de recettes fiscales insuffisantes, donc d’un déficit public excessif, et la cause évidente, également, de destructions et de créations insuffisantes d’emplois.

Dans la France de 2014, au niveau où sont nos déficits, c’est celui-là qui tient les deux autres. La France n’a plus le choix de sa séquence de politique économique, car les faits sont têtus. Michel Sapin le disait tout à l’heure : c’est d’abord la production qu’il faut soutenir. Améliorer la compétitivité de nos fabrications, c’est accroître nos ventes et, partant, le PIB ; c’est donc favoriser l’accroissement des capacités de production et de l’investissement et stimuler durablement, par le mécanisme bien connu de l’accélérateur, l’activité sans laquelle il n’y aura pas de pouvoir d’achat, d’emploi ni de recettes fiscales. Là est le ressort du pacte de responsabilité, le mécanisme qui vise à accélérer le rythme de la reprise économique et à réduire ensemble les trois lourds déficits hérités de la précédente majorité. Les stratégies d’hier de la droite ont été un dramatique échec et leurs conséquences sont lourdes pour la France : dérapage des déficits, dette si énorme que son remboursement grève nos charges pour longtemps, choix fiscaux injustes, terriblement lourds pour les modestes et généreux envers les plus fortunés.

Dans ce contexte, ouvrir les vannes de la dépense publique ne serait qu’une oasis temporaire, sans doute agréable et plus facile à promouvoir que la réduction responsable des dépenses. Cependant, les liquidités budgétaires ne seraient versées que sur le sable d’un outil productif insuffisamment consolidé.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion