Intervention de Marion Maréchal-Le Pen

Séance en hémicycle du 30 juin 2014 à 16h00
Projet de loi de financement de la sécurité sociale rectificative pour 2014 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarion Maréchal-Le Pen :

Madame la ministre, chers collègues de la majorité, l’idéologie, la lâcheté politique et le refus de vous remettre en question face aux échecs de vos choix économiques sont les ingrédients du cocktail explosif que vous faites aujourd’hui boire aux Français au travers de ce texte.

Vous agissez dans l’urgence avec des mesures qui ne feront que creuser le déficit. Il est prévu 100 millions d’euros de déficit supplémentaire pour le régime général dans ce projet de loi de financement de la Sécurité sociale rectificative, ce qui constitue l’aveu d’une politique dénuée d’ambition. Il suffit de regarder avec quelle frilosité sont abordées les réformes des systèmes de retraite des cheminots et des indemnités chômage des intermittents. C’est la même frilosité que sur la question du financement des syndicats ; surtout, pas touche aux copains !

Vous faites encore preuve de lâcheté lorsque vous préférez aux véritables réformes de structure des petites économies de quelques millions ici et là, en gelant ou en prolongeant indéfiniment le gel de certains salaires ou pensions. Les retraites sont ainsi gelées pour un peu plus de la moitié des retraités. Les pensions de retraites complémentaires versées pour les salariés et les cadres le sont également. Ajoutons que la revalorisation de la valeur du point de retraite complémentaire sera sous-indexée en 2015 : elle sera inférieure d’un point à l’inflation. Si cette dernière ne dépasse pas 1 %, les pensions versées par l’ARRCO et l’AGIRC n’augmenteront pas non plus l’an prochain dans un contexte social où les Français réclament pourtant votre énergie prioritairement sur le pouvoir d’achat.

Surprise : vous avez voté en commission le dégel de l’allocation de logement familiale ! Mais vous prévoyez déjà le gel des prestations familiales dans le PLFSS pour 2015.

Comble de l’absurde, les économies réalisées au détriment des familles françaises pourront dorénavant financer les allocations familiales pour les enfants d’immigrés algériens, y compris ceux qui sont nés à l’étranger, comme l’exige l’Union européenne depuis avril dernier. Visiblement, le déficit de la branche famille de 2,8 milliards d’euros ne pose pas de problème quand il s’agit de soutenir la natalité étrangère.

La branche maladie, dont le déficit de 6,1 milliards d’euros est le plus important, ne connaît aucune évolution positive. Pourtant, les crédits alloués aux programmes profitant avant tout aux étrangers ne cessent d’être réévalués à la hausse, à l’instar de l’aide médicale d’État pour les clandestins, qui est en constante augmentation. En un an, le budget de l’AME est passé de 558 millions d’euros à 600 millions d’euros. Mais les prévisions de dépenses sont constamment minimisées par rapport au coût réel : au lieu des 558 millions prévus en 2013, ce ne sont pas moins de 744 millions d’euros qui ont été dépensés en raison d’une augmentation de 30 % en quatre ans du nombre de bénéficiaire.

Je vous entends déjà, la voix tremblante, en appeler aux valeurs de République ; mais la République ce n’est pas l’AME ! Et où est la République lorsque la fraternité de notre devise devient une véritable incitation pour les filières d’immigration sanitaire clandestine, parce que l’État faillit à son devoir de contrôle ? Il était révélé récemment qu’une filière géorgienne était à l’origine d’une fraude d’un montant de 13,7 millions d’euros.

Dans la même veine, vous relevez les plafonds de la CMU, la couverture maladie universelle, dont les dépenses réelles sont opaques. L’augmentation de 8,3 % du plafond de la CMU en juillet dernier aura pour effet d’ajouter 200 000 personnes aux 4,8 millions de bénéficiaires. Le relèvement des plafonds de la CMU-C, la CMU complémentaire, ainsi que de l’ACS, l’aide pour l’acquisition d’une complémentaire santé, auront pour conséquence d’augmenter massivement le nombre de bénéficiaires. Une telle mesure, qui consiste à venir en aide aux plus démunis en période de crise, serait défendable si elle était réservée aux citoyens français.

Pendant ce temps, les dépenses du régime général continuent de filer : 336,5 milliards d’euros en 2012, 344,8 milliards d’euros en 2014 ; nous ne sommes plus à quelques dizaines de milliards d’euros près… Les Français sont condamnés à remplir sans faiblir ce tonneau des Danaïdes.

Étonnamment, votre rigueur budgétaire s’arrête lorsqu’il s’agit de lutter à bras-le-corps contre la fraude sociale. À chaque prestation sociale ses fraudeurs : 141 millions d’euros de fraude ont été détectés par la caisse d’allocations familiales, la CAF, en 2013, ce qui correspond à une augmentation de 18,7 % en valeur.

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