Intervention de Stéphane le Foll

Séance en hémicycle du 7 juillet 2014 à 16h00
Agriculture alimentation et forêt — Motion de rejet préalable

Stéphane le Foll, ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du gouvernement :

Dans la présentation de cette motion de rejet préalable, je vous ai trouvé, monsieur le député, plus modéré qu’en première lecture. Le ministre a évolué, avez-vous dit. Mais vous-même avez évolué. Reste tout de même une divergence fondamentale entre nous : vous pensez en effet que ce projet va à l’encontre de l’innovation et de la recherche, alors que c’est tout le contraire. Cela a été dit dans les débats et vous avez d’ailleurs fini par le reconnaître vous-même : l’agroécologie offre des potentialités considérables, en premier lieu à partir des innovations des agriculteurs eux-mêmes.

J’ai cité des modèles de production que j’ai pu observer et qui ont été mis au point par les agriculteurs. Je pense en particulier à ce qu’on appelle la couverture des sols et qui fait qu’il n’est pas nécessairement besoin de labourer le sol si celui-ci contient assez de vers de terre à l’hectare. Cela est vrai. C’est une technique qui existe, qui permet d’évoluer et d’éviter de consommer de l’énergie fossile. De même, en matière de protection des cultures, votre groupe, monsieur le député, devrait soutenir toutes les alternatives possibles à l’utilisation des substances chimiques. En effet, votre groupe n’avait-il pas, à l’époque, salué le Grenelle de l’environnement ? C’est dans la même ligne que celle qui avait d’ailleurs conduit Michel Barnier à lancer le plan Écophyto 2018 que nous nous inscrivons aujourd’hui, mais avec une stratégie globale.

En politique, il faut rester cohérent. Ayant voté le Grenelle de l’environnement, vous devriez convenir que cette loi d’avenir est ce qu’il y a de plus abouti en termes de conception globale de la performance économique, écologique et sociale. Cet effort vous est difficile, et même très difficile, je le sais, mais pour l’agriculture et les agriculteurs, cette loi constituera un grand progrès.

Ce week-end, je visitais dans le Lot un GAEC qui produit des melons du Quercy et des pruneaux d’Agen. L’exploitation fait quatre-vingts hectares, possède un système d’irrigation alimenté par une retenue collinaire… Le débat que nous avons eu ensemble a montré qu’il existait une volonté commune de trouver des solutions pour concilier la capacité productive de cette exploitation et la prise en compte de l’environnement, sans oublier bien sûr la dimension sociale, avec les emplois en jeu dans ce GAEC – je rappelle ici que, comme l’a rappelé lui-même Germinal Peiro, les GAEC sont éligibles au crédit d’impôt compétitivité emploi.

Vous cherchez des oppositions où il n’y en a pas. Pour trouver quelque illustration à vos propos, vous êtes obligé d’évoquer des sujets qui ne sont pas nécessairement en débat dans le texte. Dans le projet de loi et les objectifs qu’il fixe, il y a une cohérence.

S’agissant de la question foncière, les professionnels et les responsables des SAFER, qui ne sont pas forcément en attente des grands choix de notre majorité, nous ont demandé de revenir sur la législation adoptée en 2006, pour renforcer le rôle des SAFER et essayer d’avoir un seul objectif : renouveler les générations, favoriser l’installation afin d’avoir des agriculteurs à la tête de l’agriculture.

Pour ces raisons, il ne faut surtout pas rejeter notre texte de loi, car c’est l’avenir. En discutant ensemble sur l’avenir de l’agriculture, nous préparons le redressement de notre pays, mais nous lui offrons aussi la possibilité de valoriser demain toutes ses potentialités et toute la diversité de ses agricultures.

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