Intervention de Éric Woerth

Séance en hémicycle du 15 juillet 2014 à 15h00
Projet de loi de finances rectificative pour 2014 — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Woerth :

On ne comprenait déjà plus rien aux chiffres. On comprend encore moins aux déficits : il y en aurait de vrais, de faux… On se perd entre déficit global et déficit nominal. Et on nous dit : 50-50 entre déficit structurel et déficit conjoncturel. Mais le déficit dont il faut parler, c’est le déficit nominal, le déficit réel. Et bien entendu, il n’est pas possible, sur un coin de table, de modifier les prévisions élaborées sur la base de critères techniques par des administrations, par Eurostat et d’autres organismes. On est libre de critiquer ces prévisions, mais vous ne pouvez pas les modifier ainsi, simplement parce que vous pensez que la croissance potentielle est supérieure. La réduction du déficit, ce n’est pas de la magie, mais des efforts !

Le manque de recettes fiscales s’établit à moins 5 milliards d’euros pour 2014, après moins 15 milliards en 2013. Hélas, ce manque à gagner ne vous conduit pas à un ajustement suffisant des dépenses. Si j’ai bien compris, mais, n’hésitez pas à me reprendre, monsieur le secrétaire d’État, si je me trompe, il y a 1,6 milliard d’euros d’économies en annulations de crédits, 1,8 milliard d’économies sur les intérêts de la dette et 400 millions d’économies sur les investissements d’avenir – il est d’ailleurs curieux que vous préfériez toucher aux investissements d’avenir plutôt qu’aux emplois d’avenir qui ne préparent en rien l’avenir, contrairement à ce que vous dites. Le total se monte à 3,8 ou 4 milliards. Les recettes fiscales étant moindres qu’escompté, il est inévitable que le déficit augmente par rapport aux prévisions, vous le reconnaissez vous-même. Vu les circonstances économiques, la totalité du manque à gagner aurait dû être compensée.

Dernier point s’agissant des dépenses : comme d’habitude, pas de réformes structurelles ; vous vous contentez de passer le rabot. Vous demandez aux ministères, pas à tous mais à bon nombre d’entre eux, de dépenser moins. Ce ne peut être une méthode pérenne. On peut bien sûr le faire une année ou de temps à autre, mais à un moment donné, il n’est plus possible de raisonner à politique constante. C’est, hélas, ce que vous faites alors qu’il faudrait réformer en profondeur à la fois les éléments constitutifs de l’emploi public et de sa masse salariale, et ceux des dépenses de politique sociale, qui représentent la moitié des dépenses publiques. C’est à cela qu’il faudrait travailler.

Pour ce qui est de la défense nationale, il est là aussi assez difficile de s’y retrouver, entre le Chef de l’État qui assure qu’on ne touchera plus à ses crédits, le ministère qui dit le contraire, le chef d’état-major des armées qui en commission des finances nous dit son inquiétude….

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