À l'époque où les dispositifs de défiscalisation permettaient au marché local d'être très demandeur, notre groupe, qui représente environ 35 % du marché du solaire dans l'outre-mer, consacrait 10 % de son chiffre d'affaires au déploiement à l'international. Lorsque votre activité est pérenne et vous permet de dégager des marges, vous investissez.
Aujourd'hui, le marché qui correspond à la niche des réseaux ultramarins représente environ 250 millions de personnes, soit cent fois plus que le nombre d'habitants des départements d'outre-mer. Il y a donc des choses à faire !
Avec un marché local, vous pouvez lancer des projets – ce que nous avons fait au Brésil, en Bolivie, au Pérou. Mais s'il n'y a plus de marché local, il devient extrêmement compliqué d'être forts à l'international. Des groupes savent le faire, des métiers sont particulièrement adaptés ; le nôtre est particulier. Les acteurs français puissants à l'international et sans marché national sont très peu nombreux.
Quant à la R&D, il faut être réaliste. Nous nous sommes bornés à faire des adaptations techniques et économiques des produits développés en Europe : cela relève de la recherche appliquée. La mise au point d'un produit prend tout au plus deux ou trois ans ; il n'y a pas besoin d'y réfléchir pendant quinze ou vingt ans. Dans ces conditions, un petit marché peut être suffisant – c'est ce que nous essayons de recréer avec le dispositif que nous demandons en urgence – et permettre d'aller à Porto Rico, à Trinidad, et d'y proposer un copier-coller de ce que vous avez fait chez vous. Actuellement, trois ou quatre entreprises domiennes – qui représentent une quarantaine d'ingénieurs ou de cadres qui savent travailler à l'international – réussissent à vivre en se déployant sur ces marchés très spécifiques, ces marchés de niche dans lesquels la France a un rôle à jouer, sachant que nous n'avons pas pris le grand train du marché mondial, contrairement aux Allemands, aux Chinois, aux Américains et aux Japonais.