Intervention de Serge Letchimy

Réunion du 11 septembre 2014 à 11h00
Délégation aux outre-mer

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSerge Letchimy, vice-président et rapporteur :

J'ai le plaisir d'accueillir M. Jean Jouzel et Mme Laurence Hézard, membres du Conseil économique, social et environnemental, rapporteurs sur le projet de loi relatif à la transition énergétique pour la croissance verte.

Le projet de loi sur la transition énergétique intéresse la Délégation aux outre-mer à trois titres. Il s'agit d'abord de s'interroger sur la manière dont l'outre-mer peut s'inscrire dans la lutte contre les gaz à effet de serre et le changement climatique, essentielle pour la préservation de l'humanité.

Cela implique, ensuite, de réfléchir aux évolutions sociétales qui doivent accompagner la transition énergétique. Si, jusqu'à présent, les régions ultramarines ont eu assez peu prise sur leur développement énergétique, nous avons le sentiment, pour paraphraser Aimé Césaire, chez qui l'on sait l'importance de la dimension écologique dans son appréhension de l'homme, que la nature nous redonne la main. Encore faut-il saisir cette main de la façon la plus intelligente et la plus équitable possible. C'est ce à quoi nous nous sommes efforcés à travers les lois Grenelle I et Grenelle II, les conférences environnementales et, aujourd'hui, cette loi sur la transition écologique, dont l'ambition est de préserver l'équilibre entre l'homme et la nature.

Nous devons enfin nous demander comment les sociétés d'outre-mer peuvent saisir cette chance en la traduisant par un nouveau modèle de développement économique qui partage la croissance entre tous. Au-delà des enjeux techniques qu'elle implique, la transition énergétique se pose pour l'outre-mer, compte tenu de la spécificité de nos territoires, en termes de gouvernance, et il est impératif d'imaginer dans les bassins transfrontaliers, en Martinique, en Polynésie ou à La Réunion, un nouveau modèle de gouvernance, même si je suis conscient que l'on m'opposera d'emblée des obstacles financiers, législatifs, réglementaires ou institutionnels.

Il s'agit d'un énorme défi pour nos économies très dépendantes, le plus souvent assises, du fait de leur passé d'anciens comptoirs, sur les services et l'administration. Pourtant, après avoir lu La troisième révolution industrielle de Jeremy Rifkin, je suis persuadé qu'il existe des stratégies de développement industriel horizontales permettant d'en finir avec l'organisation verticale des économies pétrolières. La récente visite de Mme Ségolène Royal en Martinique me conforte d'ailleurs dans cette idée.

Comment, de votre côté, concevriez-vous l'implication de l'outre-mer dans la transition énergétique ? Doit-on parler de laboratoire, sachant que, si le terme me convient, il faut prendre garde aux rapports de force qu'il peut sous-entendre ? Pour ce qui me concerne, l'expression « laboratoire de développement » me paraîtrait préférable, dans la mesure où elle évoque davantage l'idée d'une dynamique locale.

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