Intervention de François Fillon

Séance en hémicycle du 24 septembre 2014 à 15h00
Déclaration du gouvernement sur l'intervention des forces armées en irak et débat sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Fillon :

Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, mes chers collègues, avec plusieurs membres du groupe UMP, je me suis rendu au début du mois en Irak pour témoigner notre solidarité aux chrétiens d’Orient. Ils sont là depuis 2 000 ans, témoins d’une très longue histoire qui vit peut-être ses derniers jours. Aujourd’hui, ils n’ont pour choix que la fuite ou la mort, et ils voient dans la France la nation protectrice qu’ils appellent à la rescousse.

Dans les camps de réfugiés, j’ai écouté les témoignages. À cinq heures d’avion de Paris, on tue, on viole, on torture, on vend des femmes sur les marchés, on détruit des églises, on dynamite des mosquées séculaires. Des milliers de morts, près de deux millions de personnes déplacées.

Les fanatiques de l’État islamique ne forment pas une organisation terroriste comme nous avons pu en affronter autrefois. Cette organisation ne vit pas dans l’ombre : elle a pris le pouvoir sur des provinces et des villes. Elle a des moyens financiers, avec les revenus tirés de la vente de pétrole. Elle a une assise territoriale, qu’elle veut étendre en bousculant les frontières si fragiles du Moyen-Orient. Elle détient de puissants moyens militaires tirés – en partie – du chaos irakien. Elle a une connaissance intime de nos sociétés et de nos points de vulnérabilité. Elle s’appuie sur des groupes vassaux qui nous défient directement, comme en Algérie où l’un de nos compatriotes est menacé d’exécution. Monsieur le Premier ministre, tout doit être entrepris pour sauver Hervé Gourdel, vers qui vont, à cet instant, toutes nos pensées. Mais nous ne pouvons pas céder aux ravisseurs.

Dans son histoire, la France a souvent été exposée au terrorisme. Dans chaque cas, ce terrorisme prenait la forme d’un chantage macabre, mais l’idée d’une revendication, d’une négociation, était presque toujours présente. Avec l’État islamique, on a changé de monde : on ne négocie pas, on tue ; on ne cherche pas à sauver sa propre vie, on souhaite la mort, dans un combat salvateur contre un monde prétendu décadent – l’Occident infidèle, bien sûr, mais aussi les mauvais musulmans –, et ce jusqu’à ce que le califat règne sur la terre et impose sa lecture de la charia.

Refuser d’intervenir ? Ce serait assurer, aux portes de la Méditerranée, l’instauration d’un État fanatique ; ce serait être complice d’un crime contre toutes les valeurs de l’humanité.

1 commentaire :

Le 25/09/2014 à 11:48, laïc a dit :

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"Elle a des moyens financiers, avec les revenus tirés de la vente de pétrole"

Je m'étonne que les acheteurs du pétrole ne puissent pas faire la différence entre un vendeur "sain" et un vendeur directement lié à l'état islamique. L'argent n'a pas d'odeur, dit-on, mais là, les pouvoirs publics devraient mieux contrôler la provenance du pétrole.

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