Intervention de Laurent Fabius

Séance en hémicycle du 14 octobre 2014 à 15h00
Questions au gouvernement — Situation dans la ville syrienne de kobané

Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du développement international :

Monsieur le député Gilard, le martyre de Kobané, puisque ce que vous avez dit est malheureusement exact, se déroule sous les yeux de la communauté internationale, sous les nôtres, et même si la France n’est pas à l’origine de cela, c’est une évidence, aucun Français ne peut détourner les yeux.

Comme vous l’avez souligné, il y a urgence ; et face à cette urgence, la position de la France est que tous ceux qui sont en position d’agir sur le terrain doivent le faire immédiatement. La coalition d’abord, par des frappes pour entraver Daech. Elles ont commencé, elles doivent être accrues, et la France n’est pas hostile à l’instauration de ce que l’on appelle une zone de sécurité. Les Turcs ensuite, et vous avez eu des mots forts qui auront eu un écho dans toute cette Assemblée, en laissant passer des défenseurs kurdes. Et nous-mêmes, en soutenant les forces de l’opposition syrienne ; car on ne peut d’un côté dire « Vive l’Europe ! » et, de l’autre, ne pas avoir l’attitude qui convient – j’ai eu l’occasion de le dire à mon collègue des affaires étrangères, que j’ai reçu la semaine dernière.

3 commentaires :

Le 15/10/2014 à 10:51, laïc a dit :

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Si la Turquie ne fait rien, on va être obligé de la considérer comme un allié objectif des islamistes. Voici un article issu de Libanews, du 14 octobre 2014 :

"La vice-présidente du Parlement allemand, l’écologiste Claudia Roth, a violemment chargé le régime islamiste d’Ankara qu’elle accuse, preuves à l’appui, de soutenir sur tous les plans des groupes terroristes de l’Etat Islamique (Daech) qui combattent au nord de la Syrie le régime de Bachar Al-Assad. Dans une interview accordée au site Rudaw, Claudia Roth a descendu en flammes le régime turc dirigé par Recep Tayyip Erdogan qualifié d’«allié dangereux» des terroristes de l’Etat Islamique. Elle considère comme «inacceptable» l’attitude hypocrite d’Ankara par rapport aux groupes terroristes qu’il accueille sur son sol en leur offrant les soins, le gîte, la nourriture et les armes au nom de la soi-disant lutte pour le renversement du régime syrien.

Pour cette députée allemande, le président turc Erdogan joue un «jeu trouble» en déclarant d’un côté son soutien à l’offensive occidentale contre l’Etat islamique et en continuant, de l’autre, à aider les groupes terroristes du nord de la Syrie à poursuivre leur «combat» contre le régime syrien en massacrant au passage les Kurdes. D’ailleurs, Ankara a autorisé aujourd’hui les Etats-Unis à utiliser ses bases aériennes pour lutter contre l’organisation Etat Islamique. Claudia Roth interpelle l’Otan pour forcer Erdogan à cesser son soutien «non déclaré» à l’Etat Islamique et à changer sa politique envers le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qu’il veut décimer. «Erdogan poursuit sa politique trouble en Syrie parce qu’il veut affaiblir les Kurdes et anéantir leurs combattants», dénonce-t-elle. «Ce que nous avons appris, c’est que M. Erdogan a passé un accord tacite avec les groupes terroristes en leur promettant de ne pas les déranger si Kurdes ont été affaiblis et anéantis», a-t-elle relevé. Un fait grave qui ne doit pas, selon elle, rester sans suite.

La vice-présidente du Parlement allemand ne croit pas au démenti d’Ankara qui nie toute transaction ou relation avec l’Etat Islamique. «Les relations de M. Erdogan avec cette organisation sont inacceptables. Je ne pouvais pas croire que la Turquie abrite un camp de l’Etat Islamique à Istanbul», a-t-elle fulminé, assurant que le régime turc a permis l’acheminement des armes en Syrie à travers ses frontières et aidé l’Etat Islamique à vendre sur le marché noir le pétrole pompé en Irak. C’est pour elle hallucinant d’entendre Erdogan parler de la lutte contre le terrorisme. Car, sur le terrain, il fait, affirme-t-elle, tout le contraire en soignant les «djihadistes» avant de les renvoyer, avec escorte, au «front» juste dans l’espoir de les voir exterminer la rébellion kurde. «C’est dévastateur de voir comment une population entière est exterminée sous nos yeux à Kobané, région habitée par les Kurdes syriens», a-t-il condamné. Des massacres qui n’auraient pas pu être perpétrés sans l’aide d’Ankara. «Je ne comprends vraiment pas pourquoi M. Erdogan et son gouvernement considèrent le PKK comme l’Etat Islamique, à savoir une organisation terroriste», s’est-elle demandé, affirmant que «certes, le PKK n’a pas de fondement démocratique, mais il n’est pas une organisation terroriste».

Claudia Roth appelle son pays à faire pression sur le régime islamiste turc afin qu’il cesse d’alimenter le terrorisme dans la région. «L’Allemagne doit faire pression sur la Turquie pour changer de cap et réévaluer ses politiques. Il convient également de demander aux membres de l’Otan à faire de même. L’Allemagne doit aider le processus de paix en Turquie et protéger les minorités kurdes», a-t-elle demandé, mettant ainsi à nu le régime d’Erdogan et ses liaisons dangereuses avec le terrorisme."

Rafik Meddour

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Le 27/10/2014 à 11:04, chb17 a dit :

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Le "jeu trouble" de la Turquie dans cette guerre, ignoble en effet, n'est finalement pas plus trouble que celui de la France. Notre République soutient en effet les insurgés contre le populaire président al Assad, dont l'armée tente depuis 40 mois de réduire l'activité terroriste sur le sol syrien. Ces insurgés soi-disant démocrates, nos mercenaires donc, sont-ils moins islamistes que Daech, moins terroristes qu'al Nusra, moins dangereux quand ils rentreront éventuellement dans leurs pays respectifs que les cibles de la loi précédente, ou que les cibles de nos bombes ?

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Le 27/10/2014 à 21:52, chb17 a dit :

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La Ghoutta, Kessab, Maloula... des massacres dont nous sommes complices !

Mais quelle sorte de paix et de démocratie la France a-t-elle donc choisi en soutenant les crimes de l' « ALS »  et d'al Nousra ? Condamner la Turquie, certes. Mais changer de politique aussi par rapport à la Syrie, envers laquelle nous avions déjà une grosse dette historique !

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