Intervention de Bertrand Pancher

Séance en hémicycle du 14 octobre 2014 à 15h00
Transition énergétique — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBertrand Pancher :

Après une valse de ministres de l’environnement, vous êtes arrivée, madame la ministre. Vous avez osé en rajouter une couche : en pleine loi sur la transition énergétique, vous avez osé pilonner l’écotaxe poids lourds, baisser la garde sur les certificats d’économies d’énergie et revenir sur la hausse programmée de la contribution climat-énergie. Madame la ministre vous faites très fort, vous êtes une vraie professionnelle !

Alors cette loi ? Les objectifs en sont d’autant plus ambitieux que leur terme est lointain, sans que jamais il n’ait été répondu à nos questions très précises sur les moyens à mettre en oeuvre. Les pirouettes et les sempiternels « Pas d’écologie punitive ! » de la ministre sont des attrape-nigauds qui ne convainquent personne.

Plutôt que de présenter un texte quasi prophétique, il aurait été préférable de se concentrer sur des objectifs à court terme et des mesures efficaces à financer rapidement.

Il est évidemment nécessaire d’afficher une vitrine écologique ambitieuse. Pour autant, devons-nous tous garder la tête dans le sable en pensant qu’il suffit de pleurnicher sur les conséquences du réchauffement climatique pour que tout se mette en place spontanément ?

Que de contradictions ! Réduire la part du nucléaire dans le mix électrique, nous y sommes favorables, mais dans quelles conditions ? Ramener cette part de 75 % à 50 % d’ici à 2025 sans que le développement des énergies renouvelables n’ait encore explosé et que la consommation énergétique ne se soit considérablement réduite, c’est une plaisanterie. Si on le faisait, il faudrait afficher l’augmentation annuelle du prix de l’électricité – 10 % en moyenne – pour financer les énergies renouvelables, et mettre en oeuvre des politiques draconiennes de certificats d’économies d’énergie. Or vous faites tout le contraire.

Abandon de la fiscalité écologique, renonciation à l’écotaxe, yo-yo sur les politiques de logement, mécanisme très imparfait pour relancer les énergies renouvelables, mesurettes en matière d’économie circulaire, annonces de prélèvements sur l’ensemble des agences chargées du développement durable, tergiversations de tout ordre depuis plusieurs mois, tout cela ne fait que montrer l’amateurisme du Gouvernement sur les questions environnementales.

Nouvelle preuve de cet échec – en fallait-il encore ? – la démission hier de Christian de Perthuis, président du comité pour la fiscalité écologique, qui s’est dit très déçu par le manque d’impulsion du Gouvernement sur la question de la fiscalité.

Notre pays a d’urgence besoin d’une stabilité et d’un cap clair et ambitieux pour espérer retrouver son leadership sur la scène européenne et internationale. Il a besoin de leaders visionnaires qui incarnent un nouveau développement, un développement humain, c’est-à-dire à la fois économique, social et environnemental. Nous devons expliquer à nos concitoyens que demain il faudra consommer différemment, tenir compte dans les prix des biens et des services des coûts sociaux et environnementaux, bref abandonner nos vieilles habitudes pour retrouver enfin de vraies richesses.

Vous êtes englués dans les vieux modèles. Si peu de dispositions de cette loi montrent comment aboutir aux quelques grands objectifs de bons sens que personne ne conteste. À l’UDI, nous pensons encore et toujours que la transition énergétique est une étape nécessaire, de plus en plus urgente pour l’avenir de notre pays, de notre continent et de notre planète.

Malheureusement si votre texte comporte certaines dispositions intéressantes, il n’est pas à la hauteur de ce défi et n’entraînera pas dans son sillage, comme l’avait fait le Grenelle de l’environnement, les citoyens, les collectivités, les syndicats, les ONG et les entreprises. Il y a trop d’écart entre des objectifs si ambitieux et des moyens si dérisoires.

Nous ne nous sommes pas dérobés, nous avons été très présents pendant l’analyse de ce projet de loi, et je tiens à rendre hommage à nos collègues polynésiens.

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