Intervention de Philippe Goujon

Séance en hémicycle du 5 novembre 2014 à 15h00
Questions au gouvernement — Défense de la laïcité

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Goujon :

Ma question s’adresse à Mme la ministre de l’éducation nationale. À l’heure où le communautarisme menace notre modèle d’intégration républicaine, il est nécessaire de défendre la laïcité avec la plus grande vigueur. L’unité nationale a toujours prévalu quand il s’est agi de garantir les valeurs de la République, de la loi de 2004 prohibant le port de signes religieux ostentatoires à l’école à la loi de 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public. Aucun républicain en effet ne saurait transiger avec l’impérieuse nécessité d’assurer à nos enfants la neutralité d’un enseignement garant de leur esprit critique.

Chacun est donc en droit d’attendre des fonctionnaires, mais aussi des collaborateurs occasionnels du service public que sont juridiquement les accompagnateurs de sorties scolaires, le respect de ces principes. Votre prédécesseur avait confirmé la circulaire Chatel permettant d’interdire de sorties scolaires les parents manifestant leurs convictions religieuses, politiques ou philosophiques. Alors que l’Observatoire de la laïcité a établi le lien entre la contestation du principe de laïcité, le racisme, le sexisme et le repli communautaire, vous décidez tout à coup d’autoriser la présence de mères voilées lors de sorties scolaires, alors qu’il faudrait au contraire légiférer pour renforcer l’interdiction du port de signes ostentatoires, comme nous le proposons avec Éric Ciotti.

Madame la ministre, allez-vous, en contradiction avec les engagements du Président de la République lui-même, renoncer à la circulaire Chatel en vous défaussant sur les enseignants, qui auront alors la charge d’appliquer une laïcité à géométrie variable, source d’inextricables conflits et installant la discorde entre les Français ? La République à la carte, madame la ministre, ce n’est plus la République !

1 commentaire :

Le 10/11/2014 à 15:22, laïc a dit :

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"qu’il faudrait au contraire légiférer pour renforcer l’interdiction du port de signes ostentatoires, comme nous le proposons avec Éric Ciotti."

Toute interdiction de port de signes religieux, que ceux-ci soient ostensibles ou ostentatoires (l'adjectif "ostentatoire" étant souvent utilisé à la place d"ostensible" par ceux qui veulent "négativiser" le signe religieux par lui-même), n'est en elle-même pas constitutionnelle, dans le mesure où l'Etat refuse de considérer la visibilité de la religion pour déterminer l'application de la loi. Si la loi n'est pas applicable en fonction de la visibilité, on peut déduire facilement que la loi ne peut pas porter sur la visibilité religieuse en elle-même, car comment appliquer une loi sur la visibilité religieuse sans prendre en compte la visibilité religieuse ?

Prenons un exemple : "les signes religieux sont interdits dans l'espace public". On va appliquer cette loi sans distinction de religion, c'est-à-dire, pour être conciliant et conforme à ce que l'Etat entend, sans prendre en compte la religion concernée, c'est-à-dire applicable à toutes les religions, sans différenciation, donc sans qu'une religion déterminée puisse passer outre cet interdit. Mais, si cela était possible, il faudrait déjà reconnaître le signe extérieur comme étant religieux (par exemple dire que le voile est religieux, alors qu'il pourrait être un fichu contre la pluie, ou dire que la croix est forcément chrétienne, alors que n'importe qui peut se promener avec une grande croix sur la poitrine sans y apporter la moindre signification religieuse (après tout, le christianisme n' a pas un copyright sur tout ce qui ressemble à une croix !!) Ainsi, le fait que l'Etat ne reconnaisse pas les cultes l'empêche de les voir et d'apporter une signication religieuse aux signes extérieurs, ceux-ci étant alors appeler "religieux" par abus de la part d'un Etat qui reconnaît bel et bien les cultes, et qui définit la religion sur son aspect extérieur malgré l'interdiction qui lui en est faite. Ainsi, tout interdit de la visibilité religieuse dans l'espace public sans distinction de religion est légalement absurde, et normalement ne devrait pas pouvoir être appliqué.

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