Intervention de Fleur Pellerin

Séance en hémicycle du 6 novembre 2014 à 15h00
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2014 à 2019 - projet de loi de finances pour 2015 — Culture

Fleur Pellerin, ministre de la culture et de la communication :

Les directions régionales des affaires culturelles – les DRAC – pourront ainsi accompagner les collectivités locales et proposer des projets culturels de qualité sur le temps libéré par la réforme des rythmes scolaires : on estime en effet qu’un tiers des activités proposées aux enfants concerne une activité culturelle. Les DRAC vont prendre toute leur part dans cet effort national, mené de conserve avec la ministre de l’éducation nationale, et accompagner la mobilisation de tous les acteurs de terrain, associations, bibliothèques, écoles de musiques, théâtres et compagnies.

Plus d’un tiers de ces crédits sont utilisés dans les territoires issus de la cartographie prioritaire. De fait, la culture est un puissant créateur de lien social et doit redevenir un instrument essentiel de lutte contre les inégalités.

Autre traduction concrète de la priorité donnée à la jeunesse : le choix de soutenir fortement l’enseignement supérieur, et d’abord les étudiants eux-mêmes, dont on sait les conditions économiques parfois difficiles. Nous allons ainsi augmenter de 14,5 % les bourses sur critères sociaux et les aides pour les étudiants, afin de favoriser le recrutement des populations à faible revenu au sein des écoles.

Vous le voyez, ce gouvernement croit aux créateurs de demain.

Il croit aussi aux créateurs d’aujourd’hui. Comme le Premier ministre s’y était engagé dès le mois de juin dernier, les crédits du programme « Création » sont consolidés, en 2015 mais aussi pour les trois années à venir. À l’heure où la mission tripartite de MM. Gille et Combrexelle et de Mme Archambault travaille avec l’ensemble des acteurs concernés à l’élaboration de solutions viables et pérennes s’agissant du régime de l’intermittence, c’était un signe indispensable, pour tous les professionnels, de l’engagement de l’État en faveur de la création.

Les moyens budgétaires alloués au spectacle vivant participent à la structuration de l’économie de ce secteur et à l’amélioration des conditions d’emploi des artistes : de fait, on l’oublie trop souvent, mais ces moyens budgétaires sont avant tout facteur d’emploi. L’aide aux compagnies, c’est la garantie de leur activité et de leur capacité à salarier les artistes. La commande publique est une source de revenus pour les auteurs et les plasticiens. Les subventions aux labels nationaux, comme les centres dramatiques, incluent des moyens de production qui, tout simplement, permettent de rémunérer des artistes et des techniciens.

Mes propos ne seraient pas complets si je n’évoquais pas avec vous les secteurs des patrimoines. Je dirai d’abord un mot général de ce patrimoine si riche en faveur duquel la France a tout intérêt à investir massivement. Depuis deux mois, autrement dit depuis ma prise de fonctions, je mesure chaque jour davantage ce que notre pays compte de richesses en la matière. Nous avons des savoir-faire uniques au monde en matière de restauration de monuments, de mobilier. Je pense aux métiers d’art mais aussi aux fontainiers, aux jardiniers, aux tailleurs de pierre ou aux artisans qui travaillent pour l’orfèvrerie ou la joaillerie. Ce sont des métiers parfois méconnus mais très qualifiés, valorisants, et non délocalisables, qui peuvent et doivent attirer davantage de jeunes. C’est un enjeu essentiel : c’est pourquoi nous devons investir dans notre patrimoine. Mon ministère assumera ses responsabilités et prendra sa part de la dépense publique, pour continuer à entretenir les monuments et les sites historiques qui font le rayonnement de notre pays. L’État répondra présent avec un maintien de ses crédits déconcentrés, soit plus de 224 millions d’euros consacrés aux monuments historiques.

L’amélioration de l’accueil du public sera également au coeur de nos priorités. Je pense à la rénovation de l’accueil du musée de Cluny, à la réouverture de l’Hôtel de la Marine, mais aussi à l’expérimentation de l’ouverture sept jours sur sept, à l’horizon 2017, des trois grands musées nationaux très fréquentés que sont Versailles, le Louvre et Orsay.

Enfin, avec le projet interministériel de plateforme d’archivage électronique, dit VITAM, nous poursuivons, grâce à la dématérialisation, notre effort en faveur d’une plus grande accessibilité au public de notre patrimoine archivistique.

Vous le voyez, nous aurions bien tort d’opposer patrimoine et modernité, ou de croire que la culture est moins une solution qu’une charge pour un pays en crise. Ce gouvernement a fait le choix de la culture. C’est aussi en faisant confiance aux créateurs et à leur génie que l’on rallume un espoir collectif.

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