Intervention de Barbara Pompili

Séance en hémicycle du 12 novembre 2014 à 15h00
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2014 à 2019 - projet de loi de finances pour 2015 — Immigration asile et intégration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBarbara Pompili :

…nouvelle mesure introduite par la réforme.

Je m’interroge, madame la secrétaire d’État, sur le sens même de l’action de l’État en matière d’immigration. Je ne la comprends pas car je n’y vois que la continuation d’une politique du chiffre, inavouée, et des préoccupations de gestion des flux.

Je conclurai en posant quelques questions de fond. Au moment où des millions de gens fuient les zones de combat en Syrie, en Irak ou ailleurs, prenons-nous notre part dans l’accueil de ces réfugiés qui sont reçus par millions au Liban, en Jordanie ou en Turquie ? Alors que nous allons recevoir la conférence sur le climat, comment envisageons-nous le problème des millions de réfugiés climatiques qui se profile ?

Ces questions peuvent paraître détachées de ce budget. Je crois au contraire qu’elles sont au coeur de ce qui devrait motiver sa discussion, parce qu’il y a une faille béante dans cette façon étriquée de présenter la politique d’immigration, laquelle ne peut plus être nationale mais européenne. Ce n’est pas la fin des accords de Schengen mais au contraire le renforcement d’une politique européenne migratoire qui ne se résume pas à la construction d’un gigantesque mur. Combien de Lampedusa et de Calais faudra-t-il pour que l’Europe et la France se décident à changer de politique et adoptent une orientation fondée sur la liberté de circulation et d’installation, le respect de la dignité et du droit des migrants et pour que la France signe la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants ?

Votre budget ne favorise pas l’intégration et la diversité. Malgré ses discours se voulant humanistes, l’État continue à alimenter la suspicion à l’égard de tous les immigrés pauvres. Cette politique ne règle rien sur le fond : dans un an, dans cinq ans, dans dix ans, vous vous retrouverez avec un plus grand nombre d’étrangers en situation irrégulière. Une politique de l’immigration se construit avec un budget cohérent et une vision politique cohérente. Montrez que vous avez compris la leçon et donnez-nous une réponse claire.

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