Intervention de Yannick Moreau

Séance en hémicycle du 2 décembre 2014 à 9h30
Questions orales sans débat — Défense des intérêts de la pêche française

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYannick Moreau :

Madame la ministre, ma question s’adresse en réalité à M. le Premier ministre. À Nantes et à La Rochelle, avec le soutien des marins de Méditerranée, de Bretagne et de la Manche, les pêcheurs de la Vendée littorale et de toute la France ont posé le sac à terre. Ils ont sacrifié des journées de pêche pour crier que la pêche artisanale française est au bord de l’agonie, asphyxiée par les contraintes, les taxes et la réduction inexorable, année après année, de leurs droits de pêche. Le poisson est bien là, présent dans le Golfe de Gascogne, et pourtant les totaux admissibles de captures – TAC – et les quotas baissent tous les ans.

Comment voulez-vous que les marins pêcheurs se sentent écoutés ? Depuis des années, aucune profession n’a fait autant d’effort pour s’adapter, aucune profession ne s’est autant remise en cause ! Quelle récompense ont-ils tirée de ces efforts ? Aucune. Et chaque année, au Conseil de l’Union européenne, à Bruxelles, en décembre, leurs TAC et quotas sont réduits, encore et encore.

Oui, les pêcheurs des Sables-d’Olonne, de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, de L’Herbaudière, de l’île d’Yeu, les pêcheurs de France se sentent aujourd’hui abandonnés par un gouvernement qui les considère comme des prédateurs qui dégradent l’environnement et les place sous la tutelle du ministère de l’écologie. C’est une erreur grossière : les pêcheurs sont des entrepreneurs qui investissent, embauchent, payent de lourdes et multiples taxes, font vivre toute une filière et assument une part de la souveraineté alimentaire française. Au lieu d’être placés sous la tutelle du ministère de l’écologie, ils devraient relever du ministère de l’économie ou de l’agriculture, comme c’était le cas par le passé.

Ils sont également abandonnés à la roulette bruxelloise, qui chaque année, au mois de décembre, décide arbitrairement de la survie de centaines d’armements alors que les politiques de TAC et quotas devraient être pluriannuelles, afin d’offrir aux marins pêcheurs un minimum de visibilité. Dans une économie de marché, quelle entreprise peut voir arbitrairement son volume d’activité réduit de 15 % par an, à cause d’une décision irréversible prise par des technocrates qui n’ont en l’occurrence jamais mis les pieds sur un bateau ?

Madame la ministre, les pêcheurs, les mareyeurs, les femmes et les familles de marins, les élus qui sont mobilisés aujourd’hui à Nantes, à La Rochelle et ailleurs croient à l’avenir de la pêche artisanale française. Ils croient à l’avenir de leur entreprise, à l’avenir de cette belle filière qui emploie 100 000 personnes en France – car pour un emploi en mer, on compte deux à trois emplois à terre. Ils y croient, pour peu que le gouvernement français les défende vraiment à Bruxelles, au mois de décembre, au conseil « agriculture et pêche ». Toute réduction des droits de pêche pour 2015 provoquerait la liquidation immédiate de centaines d’entreprises et la disparition des emplois correspondants.

Avec tout le respect que nous avons pour notre secrétaire d’État chargé de la pêche, M. Vidalies, nous estimons que seul, il n’a pas le poids suffisant pour négocier à Bruxelles avec le commissaire européen aux affaires maritimes et à la pêche et ses homologues, ministres de plein exercice de l’Union européenne. Nous demandons donc à M. le Premier ministre de s’engager personnellement dans ces négociations pour la survie de la pêche artisanale vendéenne – pour la survie de la pêche artisanale française !

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