Intervention de Jean Lassalle

Séance en hémicycle du 21 novembre 2012 à 15h00
Principe de participation du public défini à l'article 7 de la charte de l'environnement — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean Lassalle :

Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, tout ce qui touche de manière générale à l'environnement, je le regrette, mais je le confesse ici publiquement à l'Assemblée nationale, qui représente le peuple de France, m'a rendu très sceptique à l'égard de la démocratie…

Depuis quelques décennies, depuis que je siège ici mais bien avant aussi, puisque je suis maire de ma commune depuis 1977 et conseiller général depuis 1982, j'ai vu un certain nombre de choses. J'ai connu l'époque où les maires représentaient vraiment leur commune, les élus territoriaux leurs territoires. L'État jouait son rôle ; on pouvait parler, on était pour on contre. Les collectivités, de manière générale, étaient à leur place.

Force est de constater qu'au cours des vingt ou trente dernières années, tout s'est emmêlé dans ma tête, et j'espère que ce n'est que dans la mienne.

Un véritable déluge de lois, de chartes, de directives européennes s'est abattu sur notre territoire, comme à Gravelotte – d'autant plus importantes d'ailleurs que la population du territoire que je représentais baissait et continuait à baisser encore. Je me suis demandé s'il n'y avait pas une erreur de casting quelque part, si c'était bien chez moi, dans ces vallées si verdoyantes, dans ces paysages si exceptionnels, qu'il fallait chercher toutes les causes des malheurs que les hommes apportaient à la terre, avec les conséquences que cela aurait pour nos enfants.

À partir de ce moment-là, j'ai beaucoup douté, parce que je me suis rendu compte que, bien souvent, une loi votée ici avait des prolongements à l'infini avec les décrets d'application qui suivaient et que je n'avais pas du tout prévus. J'ai vu que les deux directives Oiseaux et Habitat constituaient la base de Natura 2 000 et avaient quasiment enlevé tout pouvoir à ceux qui, depuis des siècles, assumaient si bien le territoire qu'ils avaient aimé au point d'avoir choisi d'y vivre. J'ai vu le retour des grands fauves. Il n'y a pas eu la moindre concertation. Puisqu'ils revenaient naturellement, il fallait qu'ils soient là, et on ne pouvait rien contre ce phénomène. Les manifestations pouvaient se multiplier, les actes de désespoir aussi. Il n'y avait rien à faire.

Tout cela a fait naître chez moi un doute réel à l'égard de la démocratie et par conséquent à l'égard de l'une des grandes causes de notre temps, l'environnement. Je suis de ceux qui croient que l'homme a des devoirs à l'égard de sa terre, que certains appellent la terre-mère, et à l'égard de ceux qui le suivront un jour car je suis persuadé que ce que nous faisons n'est pas sans incidence.

Toutefois, je voudrais pouvoir comprendre comment les choses se décident. J'en suis arrivé à me demander si les grandes organisations mondiales prétendument écologistes – je pense notamment à WWF, à Greenpeace, à France nature environnement – n'ont pas pris notre place à nous, les élus du peuple, pour décider de tout ; et je me suis vraiment inquiété quand j'ai découvert que ces organisations étaient financées par certains des acteurs les plus pollueurs de la planète.

Je dis oui à la participation du peuple : il est bon qu'il puisse regarder les choses de très près. Mais oui aussi à la prise en considération de l'avis des élus. Assez de ces enquêtes d'utilité publique tronquées qui, jour après jour, poussent nos concitoyens à ne plus croire en rien et surtout plus en leurs élus. Toutefois, de peur d'être encore une fois trompé par un texte de loi sur l'environnement, je m'abstiendrai.

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