Intervention de Marion Maréchal-Le Pen

Séance en hémicycle du 16 décembre 2014 à 15h00
Programmation des finances publiques pour les années 2014 à 2019 — Discussion générale commune

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarion Maréchal-Le Pen :

Monsieur le secrétaire d’État, le déficit budgétaire atteint 88,3 milliards au lieu des 82,5 milliards prévus en loi de finances initiale 2014. Vous aimez battre les records : eh bien, avec les chiffres du mois d’octobre, vous voilà rassasié, puisque l’on dénombre 5,822 millions de chômeurs, selon les statistiques officielles, qui omettent volontairement les chômeurs de la France ultramarine, comme s’ils étaient des Français de seconde zone.

Les seniors sont les plus touchés, le nombre de demandeurs d’emploi relevant de cette catégorie ayant été multiplié par deux depuis votre arrivée aux affaires, alors que la durée de leur inactivité ne cesse de se prolonger, avec une moyenne de 511 jours. Près de 800 000 chômeurs chez les jeunes : encore un petit effort et vous franchirez bientôt la barre du million de jeunes chômeurs d’ici à la fin de l’année prochaine !

À ce stade, il devient difficile de sortir votre joker des contrats aidés, de laisser croire que les emplois subventionnés par le contribuable sont la solution au chômage massif et durable qui s’est installé dans notre pays.

Autre symptôme de la mauvaise santé socio-économique du pays, le RSA, dont le nombre de bénéficiaires a augmenté de 25 % au cours des cinq dernières années, soit 260 000 personnes supplémentaires. Alors qu’il ne parvient pas à soutenir la réinsertion dans le monde du travail, vous augmentez son enveloppe de 130 millions, sans contrepartie d’activité pour ses allocataires. La solidarité, tellement nécessaire par les temps qui courent, ne doit pourtant pas être dévoyée en assistanat ; elle redonner sa valeur au travail.

La France compte près de 8,6 millions de travailleurs pauvres alors qu’ils étaient 1,3 million en 2002. Les écarts de revenus entre les personnes percevant les salaires les plus faibles et celles touchant des salaires proches de la médiane se sont accrus. Ni la prime pour l’emploi ni le RSA, qui ont coûté environ 4 milliards par an, n’ont été des boucliers efficaces contre la paupérisation massive. Vous les remplacez par une prime d’activité ; certes, vous étendez cette nouvelle prime aux travailleurs de moins de 25 ans, mais la formation professionnelle, négligée, laisse aujourd’hui des milliers d’emplois non pourvus, alors que de plus en plus de jeunes non formés deviennent éligibles au RSA.

Pour panser les plaies, vous leur offrez quelques euros supplémentaires pour survivre, mais toujours pas d’emploi. En réalité, l’européisme qui vous envoûte empêche tout virage audacieux vers une politique économique et sociale fondée sur le patriotisme économique et le protectionnisme, sources de création d’emplois, tout comme la priorité nationale, source d’économies.

Propriétaires et entreprises, à vos porte-monnaie, une fois de plus ! Vous avez promis de ne plus augmenter les impôts ; alors vous permettez aux collectivités locales de les augmenter à votre place, afin de vous dédouaner. La surtaxe de 20 % sur la taxe d’habitation des résidences secondaires dans les zones tendues s’ajoute à la majoration de la taxe foncière des terrains constructibles dans les zones tendues, décidée l’an passé : nouvel exemple d’une politique de la chasse au possédant, toujours drapée dans les bons sentiments, à savoir favoriser l’accès au logement. Mais vous ne pensez pas un instant à réserver aux Français les centaines de millions que vous octroyez chaque année pour l’hébergement des clandestins, ni à réformer le droit, qui est, aujourd’hui, un frein à la location, pas plus qu’à revoir de fond en comble l’accès aux logements sociaux.

M. Valls dit aimer l’entreprise : avec des amis comme vous, pas besoin d’ennemis ! La taxe pour financer les transports en Île-de-France s’ajoute à d’autres taxes récentes, telles que le relèvement de la taxe de séjour, la surtaxe sur l’impôt sur les sociétés ou l’accroissement de la taxation du diesel : on ne compte pas moins de 90 créations ou augmentations de prélèvements entre 2010 et 2014, et plusieurs milliards de charges supplémentaires depuis 2010, le tout en continuant de tendre la carotte du pacte de responsabilité.

Les annulations de crédits se font toujours au détriment de la communauté nationale, mais jamais on n’évoque les milliards que nous versons chaque année, comme contributeurs nets, à l’Union européenne. Les ministères régaliens sont les plus touchés – la défense en tête, qui subit une annulation de 572 millions : drôle de conception de la sanctuarisation, pourtant promise. La quote-part de la défense est beaucoup trop importante, ce qui suscite des doutes légitimes sur l’application de la loi de programmation militaire. L’armée est obligée de se sacrifier pour rectifier vos gabegies. L’intérieur est raboté de 160 millions, dont 35 millions sur le programme « Sécurité », au moment où les forces de l’ordre tirent la sonnette d’alarme au sujet d’équipements obsolètes et d’effectifs insuffisants. On note également une baisse de 15 millions pour la justice. Par ailleurs, les outre-mer, toujours oubliés, ne le sont pas quand il faut leur ôter des crédits. Enfin, la diplomatie d’influence, quant à elle, subit constamment des régimes d’amincissement.

Tous ne sont pas logés à la même enseigne : on ne dénombre pas moins de 300 millions de dépassement pour l’immigration clandestine et les demandeurs d’asile, dont 155 millions supplémentaires au titre de l’aide médicale d’État. Ces incessants rajustements, en projets rectificatifs, relèvent d’une minoration délibérée de la part de l’État, qui ne parvient pas à canaliser des flux de plus en plus importants et coûteux.

Vos choix réduisent le budget à la masse salariale, aux aides sociales et à la priorité étrangère : ce n’est pas comme cela que nous relancerons la croissance et l’investissement. Vos orientations sont toujours les mêmes : mêmes causes, mêmes effets. C’est pourquoi je voterai contre ce texte.

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