Intervention de Ary Chalus

Séance en hémicycle du 17 décembre 2014 à 15h00
Habilitation du gouvernement à prendre les mesures législatives nécessaires au respect du code mondial antidopage — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAry Chalus :

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État aux sports, monsieur le rapporteur, mes chers collègues, je débuterai mon intervention par trois mots en latin : « Citius, altius, fortius » – « Plus vite, plus haut, plus fort » : cette maxime fût proposée en 1894 par Pierre de Coubertin lors de la création à la Sorbonne du comité international pour les jeux Olympiques.

Le prêtre dominicain Henri Didon, proviseur du lycée Albert-le-Grand d’Arcueil, exhortait, en 1891, ses élèves à cultiver leur jeunesse dans la pratique du sport, à y donner le meilleur d’eux-mêmes et à tendre ainsi vers l’excellence.

Le sport est souvent vanté, à juste titre, pour les vertus et les valeurs qu’il véhicule. C’est un facteur positif en matière de santé. Il participe, de plus, à la promotion de la tolérance ainsi qu’à une certaine cohésion sociale. Je ne m’étendrai cependant pas sur tous les aspects positifs du sport car ils font largement consensus.

Je voudrais ouvrir une parenthèse sur des considérations sémantiques. Cette parenthèse éclaire, en partie tout du moins, les dérives dont souffre le sport, et plus précisément les pratiques du dopage.

Le vocabulaire sportif et le contexte des compétitions sportives sont souvent tirés du champ lexical propre à la guerre.

En sport, on parle ainsi de compétitions, de combats, d’adversaires, de victoires et de défaites, d’affrontements. Les équipes arborent des couleurs ; les compétitions internationales débutent toujours par les hymnes nationaux de chaque pays et les équipes nationales disposent le plus souvent elles-mêmes d’hymnes qui leur sont propres.

Le sport, en quelque sorte, peut être considéré, par sa sémantique, comme une guerre poursuivie par d’autres moyens… plus pacifiques, bien évidemment. Cette parenthèse sur la relation entre la guerre et le sport explique que des dérives en matière de dopage sont toujours de mise. La guerre se joue ici aussi.

Je garde en mémoire ces pays qui ont inscrit en politique étatique la pratique du dopage, notamment au moment de la Guerre froide. Ainsi, ces jeunes gymnastes des pays de l’Est, parfois très jeunes et en tout cas mineures, qui tombaient enceintes dans des conditions atroces, bien entendu, afin de bénéficier du climat hormonal du début de grossesse et de décupler leurs aptitudes physiques avant les compétitions internationales.

Mais le dopage ne peut se résumer à des politiques d’État. Il n’a en effet pas cessé avec la fin de la Guerre froide, bien au contraire. Le dopage existait avant la constitution des deux Blocs et il persiste aujourd’hui, répondant notamment à des enjeux économiques entre clubs sportifs.

En France, il aura fallu attendre le choc de l’affaire Festina en 1998 sur le Tour de France pour que les pouvoirs publics prennent conscience de l’ampleur du phénomène du dopage.

1 commentaire :

Le 19/12/2014 à 10:05, laïc a dit :

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En sport, l'essentiel, c'est de participer, la compétition est une forme de déviance de la pratique sportive, n'appelant pas plus à la fraternité qu'à la tolérance. Lorsque l'essentiel, c'est de dominer, on fait le lit de tous les totalitarismes, et on n'apporte comme autre valeur que le mépris du vaincu et le culte du vainqueur.

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