Intervention de Nathalie Bajos

Réunion du 10 décembre 2014 à 14h00
Délégation de l'assemblée nationale aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes

Nathalie Bajos, socio-démographe, directrice de recherche à l'INSERM, responsable de l'équipe « Genre, santé sexuelle et reproductive » :

Je vous remercie de me permettre de faire entendre la voix de la recherche sur ce sujet. Dans un premier temps, j'aborderai les enjeux contemporains en matière de santé sexuelle et reproductive, en me focalisant sur les questions de contraception et de recours à l'interruption volontaire de grossesse. En qualité notamment de présidente de la commission santé publique et science de l'homme de l'Agence nationale de recherches sur le sida (ANRS), je suis en effet très impliquée dans les recherches sur la sexualité et la prévention du VIH. Dans un second temps, je ferai quelques remarques à propos du projet de loi relatif à la santé, sur lequel je me suis penchée.

Les recherches dont je vais vous parler sont réalisées par une équipe pluridisciplinaire INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale) – INED (Institut national des études démographiques) comprenant des sociologues, des démographes, mais aussi des médecins, des épidémiologistes et des économistes. Le travail de cette équipe, que je dirige, s'inscrit ainsi dans une perspective de santé publique, en s'appuyant sur une problématique générale de réduction des inégalités sociales, tout en privilégiant une approche en termes de genre.

S'agissant de la contraception, la situation a changé récemment en raison de ce que l'on a appelé « la crise de la pilule », c'est-à-dire de la controverse importante fin 2012, début 2013, à propos des pilules de troisième et quatrième générations. À la demande de Mme Touraine, nous avons effectué une recherche visant à mesurer l'impact de cette crise, ce qui nous a permis de constater la résurgence d'inégalités sociales marquées en matière d'accès à la contraception.

En effet, depuis sa légalisation, la contraception a connu une diffusion croissante et régulière des méthodes les plus efficaces – pilule, stérilet. En revanche, à partir de l'année 2000, nous avons constaté une baisse du recours à la pilule globalement compensée par l'adoption d'autres méthodes de contraception hormonale – implant, patch, anneau vaginal, tout aussi efficaces que la pilule, voire plus –, hormis chez les jeunes femmes en situation socio-économique difficile, qui se sont ainsi retrouvées avec une couverture contraceptive moins efficace. Ainsi, cette baisse du recours à la pilule ne fait que traduire les effets de la crise économique.

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