Intervention de Michel Piron

Séance en hémicycle du 21 janvier 2015 à 15h00
Débat sur la fin de vie

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Piron :

Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, madame la ministre, monsieur le secrétaire d’État, madame la présidente de la commission des affaires sociales, mes chers collègues, le sujet de notre débat reprend un questionnement universel et singulier : universel, puisque la mort est inéluctable, partout et pour tous ; singulier parce qu’elle est, à chaque fois, la fin d’un être unique.

Ce débat soulève aussi la question de l’évolution de la perception de la mort par notre société. Hier bien présente dans l’espace privé et public – qu’on songe aux convois funèbres –, la mort est aujourd’hui comme ignorée, occultée, transformée, par une approche toujours plus médicalisée voire technicisée, en une abstraction qui, à vrai dire, n’est pas totalement nouvelle.

« La mort n’est rien » selon l’exorcisme d’Épictète, « puisque, quand elle est, je ne suis plus et que, quand je suis, elle n’est pas ». Fuite de notre société devant la question de la mort ? Peut-être, sans doute, et qui explique, au moins partiellement, le si faible nombre de directives anticipées.

Quoi qu’il en soit, cette évolution sociétale, cette ignorance, subie ou volontaire, de notre finitude ne fait que rendre plus ardue encore la tâche de mettre les mots justes sur un sujet si difficile, un sujet si lourd de choix et de conséquences qu’on pourrait d’abord se demander s’il faut encore légiférer après la loi Leonetti de 2005…

1 commentaire :

Le 22/01/2015 à 11:34, laïc a dit :

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« La mort n’est rien » selon l’exorcisme d’Épictète, « puisque, quand elle est, je ne suis plus et que, quand je suis, elle n’est pas ». Fuite de notre société devant la question de la mort ? Peut-être, sans doute, et qui explique, au moins partiellement, le si faible nombre de directives anticipées."

Après, s'il y a un vide social, c'est trop facile pour les religions, dont le fonds de commerce est l'"après-mort", de se mettre à la place de ce vide et de prospérer. Peut-on parler librement de la mort dans les écoles publiques des banlieues sans être qualifié de mécréant et d'hérétique, et sans être vu comme un danger pour l'unité de la communauté religieuse ? Car finalement, les religions ne font que de parler de la mort, et surtout de la vie après la mort, source de fanatisme dangereux, car comment contrôler quelqu'un qui se croit plus fort que la mort ?. On veut enseigner le fait religieux aux élèves, c'est-à-dire leur servir une conception de l'après mort (car comment parler de religion sans parler de mort ?), et il faudrait taire la conception athée de la mort ? Ce n'est pas possible. Il est inadmissible d'enseigner je-ne-sais-quel fait religieux à l'école sans avoir fait au préalable le point sur la conception athée de la mort, par pur souci d'équilibre.

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