Intervention de François Fillon

Séance en hémicycle du 26 janvier 2015 à 16h00
Croissance activité et égalité des chances économiques — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Fillon :

Monsieur le président, madame la garde des sceaux, monsieur le ministre de l’économie, de l’industrie et du numérique, mes chers collègues, notre république vient de traverser une épreuve difficile. Elle l’a fait avec dignité et fermeté. Désormais, il est urgent de donner aux Français ce qui leur manque : la fierté de vivre dans une France où les promesses de liberté, d’égalité et de fraternité ne s’enlisent pas dans les marais de la stagnation économique ; le droit pour eux et pour leurs enfants de bâtir une vie meilleure, d’être récompensés de leurs efforts, de croire en l’avenir et de se mobiliser ensemble pour lui.

Ces dernières semaines, les tensions qui enveniment notre société sont apparues ; une partie de notre jeunesse, notamment, se dissocie petit à petit de notre communion nationale. Aux côtés de cette jeunesse égarée qu’il faut recadrer, il y a ces quartiers perdus de la République qu’il faut reconquérir par le développement et l’emploi, il y a tous ces Français dont le niveau de vie se détraque et qui ont la rage au coeur.

Le péril de la désunion s’alimente de la faiblesse de notre croissance, accentuant la paupérisation des familles et des territoires qu’elle blesse, épuisant les rêves de progrès. Notre solidité démocratique dépend aussi de notre sursaut économique. Le chalenge est de taille parce que le mal est profond.

Depuis longtemps, les gouvernements se succèdent et cherchent à maintenir un passé dépassé, agissant comme si la mondialisation n’avait pas renversé la hiérarchie des puissances d’autrefois. Là où d’autres pays n’ont pas hésité à se remettre en cause, nous avons choisi d’avancer à petits pas, à crédit, reculant parfois même devant les réalités. Réduction du temps de travail, prolifération réglementaire, fardeau fiscal : nous avons précipité l’affaissement de notre appareil productif, et j’ai le regret de dire que si la droite fut parfois pusillanime dans l’action, la gauche fut souvent exemplaire dans l’immobilisme. Désindustrialisation, chômage de masse, dette étouffante, fuite des talents : voilà la rançon de nos hésitations.

Il est vain de nous écharper devant les décombres. À des degrés divers, nous avons tous notre part de responsabilité. J’assume la mienne et me reproche de ne pas avoir fait davantage pour réformer notre pays, mais j’en tire une conclusion : si nous ne changeons pas radicalement de politique, la France déclinera inexorablement.

Ce constat, monsieur le ministre, est probablement aussi le vôtre, mais étant l’otage de trop d’ambiguïtés politiques, vous êtes à mi-chemin de ce qu’il conviendrait de faire. Il vous faut, tout à la fois, aimer l’entreprise sans trahir le socialisme, célébrer la compétitivité tout en pactisant avec l’adversaire de la finance, donner des gages aux Européens sans assumer la rigueur. Il vous revient de sauver, autant que faire se peut, une politique économique qui depuis trois ans s’est révélée inefficace.

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