Intervention de Christian Eckert

Séance en hémicycle du 29 janvier 2015 à 15h00
Nouveaux indicateurs de richesse — Présentation

Christian Eckert, secrétaire d’état chargé du budget :

Monsieur le président, madame la rapporteure, mesdames, messieurs les députés, vous avez souhaité soumettre au débat parlementaire une proposition de loi fort simple et fort courte, puisqu’elle se résume à un seul article, mais dont la portée est large. Je le dis sans détour : elle est, à mon sens, de nature à pouvoir nous rassembler. En effet, il s’agit tout simplement de ce qui compte pour nos concitoyens, de ce pour quoi nous sommes engagés dans l’action politique : notre capacité à permettre dans notre pays, par notre action, une croissance de qualité, « soutenable » comme certains disent parfois.

Cette question, en apparence simple, peut en réalité mettre les responsables politiques que nous sommes devant des choix parfois créateurs de tension. Nous voulons parvenir à créer plus d’emplois, pour répondre aux attentes légitimes des chômeurs, mais également faire en sorte que la qualité de ces emplois soit la meilleure possible, et ainsi éviter de voir se multiplier les emplois précaires. Nous voulons aussi favoriser l’investissement et l’innovation, tout en nous assurant que les fruits de cette croissance soient équitablement répartis. Nous voulons aussi concilier court terme et long terme, efficacité et équité.

Lorsque nous réduisons les déficits, en veillant à ce que cela se fasse à un rythme adapté, nous nous attachons à ne pas léguer aux générations futures une dette insoutenable, tout en préservant la croissance d’aujourd’hui. Lorsque nous renforçons la compétitivité de nos entreprises et que, dans le même temps, nous accordons les allocations familiales sous conditions de ressource, nous nous efforçons de créer une société plus dynamique, plus équitable et plus confiante en l’avenir.

Pour guider de tels choix, il nous faut prendre en compte plus qu’une seule dimension et vous avez raison, madame la rapporteure, il est nécessaire de mieux appréhender la notion de qualité de la croissance pour mieux mettre en regard l’action publique et les attentes des uns et des autres, et ne pas hésiter à en faire un objet de débat pour progresser. Très concrètement, il est évident, comme vous l’avez dit, que le PIB est insuffisant pour mesurer la qualité de la croissance. C’est néanmoins une mesure utile et indispensable pour la conduite des réformes et, je le dis clairement, le Gouvernement ne relâchera jamais ses efforts pour apporter plus de croissance, plus d’emplois et plus de pouvoir d’achat à nos concitoyens.

Mais il faut compléter le PIB par des indicateurs qui puissent refléter d’autres facettes et leurs évolutions. C’est un travail qui n’a rien d’évident, car il faut, j’en suis convaincu, être à la fois complet et concis dans les indicateurs choisis pour représenter la qualité de la croissance, sans quoi on aurait oublié l’essentiel : donner du sens. C’est tout à fait possible de construire un tel jeu d’indicateurs. D’autres pays, comme vous l’avez également rappelé, se sont déjà engagés sur cette voie. La France n’est pas en reste, car des outils existent. Mais il reste sans doute une étape à franchir pour donner plus de visibilité à ce qui existe déjà et, surtout, plus de place au débat. C’est à cette condition que des successions de statistiques isolées deviendront une quantification que chacun pourra s’approprier.

Cette proposition de loi va par ailleurs plus loin, en proposant d’évaluer, dans la mesure du possible, l’impact des principales réformes envisagées sur un ensemble d’indicateurs de qualité de la croissance. Il faudra voir comment cet exercice pourra se faire techniquement. Mais j’y vois surtout une manière de se tourner vers l’avenir, alors que l’on a parfois tendance à se lamenter en disant que depuis dix ans, depuis vingt ans ou depuis trente ans, tel ou tel phénomène perdure. Non ! La France est en mouvement, la France avance et se réforme au profit du plus grand nombre et surtout des jeunes, qui sont une priorité dont chaque jour qui passe nous rappelle la pertinence.

Cette loi, qui est soumise à votre vote, mesdames et messieurs les députés, sera donc, si vous l’adoptez, l’occasion de montrer la volonté qui est aussi celle du Gouvernement, consistant à créer les conditions d’une croissance de qualité, c’est-à-dire d’une croissance équitable et favorable aux générations présentes et futures. Lorsque l’on prépare la transition énergétique pour consommer moins d’énergies fossiles, on construit la France demain ; lorsque l’on réorganise le territoire pour une meilleure efficacité des services publics, on construit la France de demain ; lorsque l’on libère les freins à la croissance et à l’activité, on construit la France de demain. C’est aussi cela, mesdames et messieurs les députés, l’action du Gouvernement en faveur de la qualité de la croissance.

Pas de triomphalisme néanmoins. Beaucoup reste à faire, car la situation de trop de nos concitoyens demeure très fragile. Ces nouveaux indicateurs nous invitent à réfléchir sur les valeurs qu’il nous faut défendre collectivement pour plus de cohésion sociale et une plus grande égalité des chances. J’ose croire, mesdames et messieurs les députés, que nous pouvons nous retrouver là-dessus.

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