Intervention de Brigitte Curmi

Réunion du 28 janvier 2015 à 9h00
Commission des affaires étrangères

Brigitte Curmi, conseillère des affaires étrangères et chargée de mission au CAPS :

Décrypter les mobiles de l'amalgame sémantique permet de nuancer fortement le tableau d'une internationale islamiste et terroriste, souvent dressé par les médias peu soucieux de rigueur et par des gouvernements – notamment chez nos partenaires – souhaitant instrumentaliser l'épouvantail islamiste à leur avantage. La typologie proposée ici permet de mieux définir la ligne de partage qui doit s'imposer à la France entre islamisme et terrorisme. En clarifiant les concepts et le vocabulaire de l'islamisme, on identifie la nature du danger : très précise et imposant une lutte sans merci dans le cas du djihadisme, beaucoup plus sujette à caution dans celui des islamistes de la famille politique.

Il ne s'agit pas d'idéaliser les Frères musulmans, mais d'éviter le piège d'une logique éradicatrice contreproductive. Le monde arabe étant actuellement en proie à une véritable guerre froide autour de la Confrérie, le travail sur le vocabulaire et les concepts permet de ne pas se laisser prendre par un camp ou un autre. Du fait des ambiguïtés qui persistent dans leur discours et dans leur mode de fonctionnement, les Frères musulmans continuent légitimement de susciter des réserves. Cependant, en l'absence d'alternatives, les islamistes de la famille politique constituent,en l'absence d'alternative et parce qu'ils disposent d'une légitimité religieuse, le principal contre-modèle en mesure de s'opposer à l'autoritarisme des dernières décennies, d'où l'hostilité des régimes en place – républicains ou monarchiques – à leur égard.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion