Intervention de Hervé Morin

Séance en hémicycle du 9 février 2015 à 21h30
Croissance activité et égalité des chances économiques — Article 47

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHervé Morin :

À l’instar de Pierre Lellouche, je suis persuadé que nous avons besoin d’une industrie de défense européenne. Nous avons besoin de bâtir des industries capables d’exister encore dans dix ou vingt ans. Il leur faut donc la taille critique pour la recherche et le développement, domaine dans lequel nous faisons beaucoup moins d’efforts que nos concurrents américains. Nous avons aussi besoin d’une taille critique pour l’export. Il est vrai que le mariage de Krauss-Maffei Wegmann et de Nexter a tout pour sembler plaisant : même taille ou presque, même chiffre d’affaires, même nombre de salariés, deux entreprises tournées vers l’export.

Cependant, un certain nombre d’interrogations demeurent, et nous aimerions les voir levées au cours de ce débat.

La première porte sur les conditions du rapprochement. Si j’ai bien compris, il s’agit de créer une holding qui, dans un premier temps, aura des compétences essentiellement pour l’exportation. Les deux sièges sociaux demeurent, ainsi que les deux organisations et les deux directions. Nous avons besoin de savoir comment sont envisagées les choses sur le moyen terme.

Le deuxième sujet d’importance concerne bien entendu les conditions d’exercice des deux entreprises, notamment à l’exportation. Personne ne peut oublier que les Allemands nous ont empêchés de vendre, il n’y a pas si longtemps, le missile Milan dans un pays du Golfe. Personne n’oublie non plus que les Allemands se sont opposés à un rapprochement en matière de défense – Dieu sait pourtant s’il était intelligent ! – entre l’Aérospatiale et les Britanniques. Les mêmes Allemands s’opposent également à ce que nous puissions vendre des missiles de croisière – ou d’autres types – à des pays comme l’Arabie Saoudite. Que veut-on donc faire à moyen terme avec ce rapprochement ? Il faut que les choses soient dites clairement et que les conditions d’exportation pour la France et l’Allemagne soient les mêmes.

Le troisième sujet est celui des programmes. En effet, c’est un rapprochement de structures, mais nous devons savoir vers quoi nous allons. On pourrait trouver formidable un rapprochement entre, d’un côté, le spécialiste de la roue et, de l’autre, celui de la chenille, mais les choses sont évidemment plus compliquées : il existe une concurrence très vive entre Nexter et Krauss-Maffei Wegmann pour un certain nombre de matériels, notamment les blindés. Qu’en sera-t-il, par exemple, pour nos VBCI ? Il faut savoir comment nous allons gérer, à l’exportation, les concurrences au sein d’un même groupe.

Enfin, l’Allemagne est l’Allemagne : les Allemands sont formidables, ils adorent les rapprochements, mais quand ils se sentent plus forts.

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