Intervention de Barbara Pompili

Séance en hémicycle du 12 février 2015 à 22h00
Croissance activité et égalité des chances économiques — Après l'article 52

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBarbara Pompili :

Les sciences économiques se doivent d’être riches de leur diversité. Le prix de l’académie de Suède – dit prix Nobel – attribué l’année dernière à un économiste français illustre la qualité de la recherche française dans le domaine de l’économie industrielle, très ancrée dans les mathématiques. Mais les sciences économiques doivent aussi vivre loin de la modélisation et de la théorie pure pour s’ancrer dans la société, et faire le lien avec les autres sciences sociales plus qu’avec les mathématiques.

Or depuis plusieurs années, l’économie dominante a petit à petit occupé tout l’espace de la recherche universitaire française, faisant presque disparaître des pans entiers de l’analyse économique. Cela doit faire réagir l’ensemble de la communauté scientifique et au-delà, de la société.

Cette crainte a d’ailleurs été soulevée par de nombreux économistes de renom dont les contributions aux sciences économiques sont reconnues de toutes et tous, tel Bernard Maris. Cette recherche, par nature interdisciplinaire, est essentielle à l’appréhension des mécanismes économiques ainsi qu’à la compréhension de la crise économique, sociale et environnementale dont nous subissons les ravages.

Or l’organisation de la section 05 « Sciences économiques » du Conseil national des universités ne permet pas de garantir une pluralité suffisante dans les approches étudiées. En effet, la part des économistes hétérodoxes dans le recrutement, qui s’élevait à 18 % du total entre 2000 et 2004, a chuté à 5 % entre 2005 et 2011.

Les députés écologistes sont conscients que la création d’une telle section « Économie et Société » n’est pas de nature législative. C’est pourquoi ils demandent au Gouvernement de prendre des engagements sur la base d’une étude sérieuse de ce sujet d’importance pour nourrir le débat et l’innovation économique et sociale.

Des annonces contradictoires ont été faites ces dernières semaines. La ministre Najat Vallaud-Belkacem avait annoncé la création de cette section, mais elle y a ensuite renoncé, semble-t-il face aux pressions d’économistes dits orthodoxes défenseurs d’une unique section de sciences économiques. Les écologistes demandent donc au Gouvernement de reconsidérer cette question afin de permettre à une recherche économique pluraliste et multidisciplinaire d’exister en France.

Nous présentons donc deux amendements. L’amendement no 1347 vous propose la création de cette section, et l’amendement no 1346 est un amendement de repli afin de demander un rapport au Gouvernement si malheureusement nous n’obtenions pas satisfaction.

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