Intervention de Paul Giacobbi

Séance en hémicycle du 17 février 2015 à 15h00
Questions au gouvernement — Lutte contre l'antisémitisme

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPaul Giacobbi :

Monsieur le Premier ministre, le 11 janvier, nous avons manifesté en masse mais si nous étions tous « Charlie », bien peu, trop peu, se sont voulus « casher » à cette occasion. Dimanche, des centaines de tombes d’un cimetière juif ont été profanées dans le Bas-Rhin et hier, un ancien ministre s’est exprimé en usant d’un vocabulaire que l’on n’entend plus guère sur nos ondes depuis la Libération – depuis Pétain.

Monsieur le Premier ministre, qu’arrive-t-il à la France ? Dans ce pays qui a proclamé, dès 1791, la pleine égalité des droits pour les juifs de France, dans ce pays qui s’est déchiré parce qu’un innocent, Alfred Dreyfus, était accusé, par une machination ignoble, d’une trahison dont il était totalement innocent au seul motif qu’il était juif, avant que ne soient rétablis ses droits et son honneur en 1906 ?

Nous en sommes encore, par ces non-dits, ces profanations, ces allusions perfidement teintées d’antisémitisme, à une ambiguïté contraire aux fondements et à l’histoire de notre République.

Mon père, pourtant lui-même pourchassé comme résistant, condamné à mort par contumace, m’a dit un jour avoir eu « honte d’exister », ce sont ses mots, je m’en souviens, après avoir croisé, dans la France de l’Occupation, le regard d’un vieux monsieur portant l’étoile jaune. Aujourd’hui comme hier, l’antisémitisme nous fait honte.

Monsieur le Premier ministre, ce qui se passe aujourd’hui, ce qui se dit aujourd’hui dans notre pays, ce ne sont pas les dérapages scandaleux d’un vieillard indigne, les oublis gênants d’une majorité silencieuse ou les comportements morbides d’adolescents en mal de sensations nocturnes, ce sont, ne nous y trompons pas, les signes de vie de la bête immonde de l’antisémitisme que nous devons combattre. Monsieur le Premier ministre, comment allez-vous mener ce combat ?

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