Intervention de Bernard Roman

Séance en hémicycle du 10 mars 2015 à 15h00
Nouveaux droits des personnes en fin de vie — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBernard Roman :

Selon un rapport de l’Institut national d’études démographiques, l’INED, publié en décembre, un peu plus de 4 500 cas de décès ont été recensés qui font suite à l’administration – je cite – de « médicaments pour mettre délibérément fin à la vie ». Au-delà de ces 4 500 cas, il y a tous ceux qui ont décidé eux-mêmes de mettre fin à leur propre vie pour ne pas subir les affres de la maladie ou de la fin de cette dernière.

La deuxième raison est qu’avec ce texte, on continuera d’interdire l’euthanasie en France, mais on n’interdira pas l’euthanasie aux Français. De fait, ils se tournent de plus en plus nombreux vers des cliniques ou des associations belges, néerlandaises, suisses, pour obtenir ce droit que la législation française leur refuse. On ne peut pas faire comme si ce n’était pas vrai : s’ils le font, cela signifie que cette demande existe, que l’on ne peut fermer les yeux.

La troisième raison enfin, qui est peut-être la plus difficile à exprimer, mais certainement la plus lourde, tient au fait que terminer sa vie dans la dignité, ce n’est pas seulement ne plus souffrir quand la maladie, inéluctable, grignote chaque jour un peu plus la vie : la dignité, c’est aussi la traversée du miroir, l’image que l’on veut garder de soi, ou continuer à donner à ceux que l’on aime, et le refus de la déchéance physique, même sans souffrir, même en dormant. Cette dignité-là, on doit comprendre qu’on veuille la préserver en partant, en disant adieu à ceux que l’on aime, et non en s’endormant ou en se laissant endormir.

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