Intervention de Anne-Yvonne Le Dain

Séance en hémicycle du 12 mars 2015 à 15h00
Connaissances linguistiques des candidats francophones à la naturalisation — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAnne-Yvonne Le Dain :

Madame la présidente, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, c’est un sujet qui semble inattendu, compliqué, étrange même : la question de savoir qui maîtrise quoi en français sur notre territoire national.

Pour accéder à la nationalité française, il faut un certain nombre d’années de résidence – cela s’appelle « stage », ce qui peut paraître étrange. Il faut aussi passer un test payant pour montrer que l’on maîtrise la langue, alors que les fonctionnaires de l’État français en préfecture chargés d’accueillir les personnes concernées pour voir avec elles s’il est pertinent de constituer un dossier de naturalisation sont parfaitement aptes à juger si une personne comprend et maîtrise notre langue, éventuellement avec un accent, éventuellement avec des tournures de phrase qui ne sont pas forcément les nôtres.

Les Belges et les Canadiens ont d’ailleurs une tournure de langue qui peut ne pas être exactement la même que la nôtre et, dans les films, dans les séries de télévision que nous achetons, il y a désormais des traductions en français belge, français canadien et français suisse, ce qui est une novation fort intéressante de notre XXIe siècle. J’attends donc avec beaucoup de plaisir le moment où nous aurons des traductions des films et séries américaines en français sénégalais, français camerounais et français vietnamien puisque l’aire d’influence de la langue française est mondiale.

Nous, Français et francophones, Européens ou non, avons intérêt à élargir la zone d’influence de notre culture et de notre langue, et à faire en sorte que, quel que soit son niveau social et quel que soit son pays, quand on maîtrise la langue, on soit bien accueilli en France, d’autant plus quand on veut acquérir la nationalité.

Acquérir la nationalité pour quelqu’un qui n’est pas né ici, qui a encore beaucoup de sa famille, voire toute sa famille, ailleurs, c’est un acte profond.

L’homme qui a sauvé des Français au mois de janvier lors de l’acte de terrorisme qui a secoué la France et le monde n’était pas forcément facile à comprendre à la télévision. On attendait une formulation d’une euphonie habituelle et classique alors que, bien que maîtrisant le français, cet homme avait un fort accent.

Aurions-nous accepté si facilement que cela qu’il soit naturalisé ? Pourtant, son geste montre qu’il était fier de vivre en France et qu’il aurait été fier d’avoir été Français. Il a d’ailleurs été fier que notre nation, par la main du Premier ministre, lui remette son certificat de nationalité française. Or, il parle un joli français, quoique avec un fort accent, un français qui, certes, n’est pas littéraire, mais c’est le beau français de quelqu’un qui sert nos valeurs, qui sert la France et qui a sauvé des personnes sur notre territoire, au péril de sa vie.

Je tenais à le rappeler, car nous oublions trop souvent que les serviteurs de la nation, où qu’ils soient, ne sont pas tous diplômés,…

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