Intervention de Jean Glavany

Réunion du 4 mars 2015 à 9h45
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean Glavany :

Je suis allé au Sud-Liban – à titre personnel et sur mes propres deniers – pour rendre visite à un régiment de Tarbes engagé dans la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL). Près de trente nations ont fourni un bataillon à cette force, non seulement la France, l'Italie et l'Espagne, mais aussi l'Inde et la Malaisie. La FINUL est actuellement dirigée par un général italien

Mon séjour a été très instructif. Premier enseignement : la tension est très vive et la FINUL, force d'interposition entre Israël et le Hezbollah, compte d'une certaine manière les coups. Au mois de janvier, deux incidents très graves se sont produits à bref intervalle. Le 18 janvier, Israël a touché un convoi par un tir de missile très ciblé, provoquant la mort de l'un des dirigeants les plus importants du Hezbollah, ainsi que celle d'un général iranien en visite à des fins de coopération militaire avec ce mouvement. Dix jours plus tard, le 28 janvier, le Hezbollah a tiré à son tour un missile sur un convoi, tuant deux soldats israéliens. Israël a répondu par des tirs d'artillerie très violents qui ont duré plusieurs heures.

Je suis allé en patrouille avec les militaires, en particulier dans la zone très tendue des fermes de Chebaa, où la ligne de démarcation passe à quelques mètres des premières maisons israéliennes. Deuxième enseignement, très frappant : à quelques kilomètres à peine des fermes de Chebaa, aux confins du Golan, des combats ont lieu quotidiennement non pas entre le Hezbollah et Israël, mais entre une coalition de l'armée libanaise et du Hezbollah, d'une part, et les djihadistes, d'autre part. Il s'agit, certes, de djihadistes de Jabhat Al-Nosra et non de Daech, mais, d'après les diplomates et les spécialistes militaires que j'ai pu interroger, les drapeaux de ces deux mouvements sont facilement interchangeables.

Ces combats très violents se déroulent sous le regard intéressé et pas si passif que cela des Israéliens. En effet, la complicité de ces derniers avec Jabhat Al-Nosra est avérée : ils recueillent et soignent les djihadistes blessés dans leurs hôpitaux. Israël raisonne de la manière suivante : les ennemis de mes ennemis ne sont pas mes ennemis, à défaut d'être mes amis. Ses principaux ennemis étant le Hezbollah et l'Iran, il voit d'un oeil bienveillant le combat de Jabhat Al-Nosra contre le Hezbollah. Cela ne fait qu'ajouter à la confusion générale dans la région. J'apporte ainsi un tout petit peu d'eau au moulin de Jacques Myard.

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