Intervention de Denis Baranger

Réunion du 13 mars 2015 à 9h00
Groupe de travail sur l'avenir des institutions

Denis Baranger :

Il me semble qu'il y a un problème d'ingouvernabilité de tous les États contemporains et qu'il n'existe guère de spécificité française à cet égard.

En réalité, le parlementarisme français est quelque chose de spécial en ce sens que, quand on dit en France que l'on est favorable au régime parlementaire, comme l'a fait tout à l'heure Bastien François, cela ne signifie pas du tout la même chose que dans la bouche d'un Britannique. Cela implique en réalité que l'on est républicain et attaché à l'expression de la souveraineté nationale dans l'enceinte parlementaire, persuadé que, comme le disait Paul Reynaud en 1962, « la France est ici et non ailleurs ». Cela ne renvoie pas à une série de dispositifs, de rouages. Bref, il existe une belle tradition française du républicanisme parlementaire qui ne concerne pas le fonctionnement du Parlement ni sa coopération efficace avec l'exécutif. Il n'est donc pas simple de tenter de progresser dans ces matières.

J'ajouterai simplement que le Parlement est un organe de travail très apprécié des professionnels. Ils sont nombreux, au sein des cabinets d'avocats ou des entreprises, à étudier en détail, et avec admiration, les rapports et les comptes rendus des débats parlementaires pour tenter de résoudre tel ou tel problème précis en matière d'énergie ou de politique publique. On voit ici que nous avons bien un « Parlement de travail ».

Personnellement, j'admire la Chambre des Lords, non parce qu'elle est composée de Lords héréditaires – ce n'est plus le cas – mais parce qu'il s'agit d'une chambre d'experts légitimes, où se retrouvent des personnes issues de différentes parties de la société civile – tel ancien haut fonctionnaire, tel ex-syndicaliste, tel ancien chef d'entreprise – devenus Lords viagers. Si l'on met de côté les symboles et le folklore, on a là un Parlement de travail efficace, l'équivalent de la synthèse que notre Président appelle de ses voeux entre le Sénat et le Conseil économique, social et environnemental, ce qui confirme qu'une telle instance peut très bien fonctionner.

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