Intervention de Guy Geoffroy

Réunion du 25 mars 2015 à 9h30
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGuy Geoffroy :

Si j'ai cosigné cette proposition de loi, c'est parce que le sujet qu'elle traite me semble important et que j'ai vécu, en tant que maire, un événement qui aura sans doute une résonance pour beaucoup d'entre nous. Un dimanche de septembre 1999, au petit matin, de dangereux individus ont volé des motos, fonçant sur les forces de police au moment où celles-ci tentaient de les interpeller. Deux policiers étaient présents : une jeune femme, qui faillit être tuée, et un de ses collègues, âgé de vingt-sept ans. Celui-ci, après les sommations d'usage, avait tiré sur le conducteur d'une moto, l'atteignant en plein coeur. Quant au complice, il se nommait Amedy Coulibaly…

Arrivé sur les lieux quelques minutes plus tard, je fus interrogé par un journaliste connu d'une grande radio nationale, qui me demanda de confirmer qu'il s'agissait d'une bavure policière. J'en fus, et en suis encore scandalisé. L'Inspection générale des services (IGS) et le procureur s'étant aussitôt rendus sur place, le jeune policier fut immédiatement lavé de tout soupçon ; mais dès le lendemain, il était muté d'office, pour sa propre sécurité, dans le Midi, où il a dû refaire sa vie, en raison des menaces dont il faisait et fait encore l'objet dans ma commune, tous les ans, à l'occasion d'une cérémonie d'« hommage » aux « victimes » de la prétendue « bavure policière ». Amedy Coulibaly a confié par la suite n'avoir jamais accepté que ce jeune policier soit resté libre, ajoutant que cet événement était à l'origine de son parcours. Quinze ans plus tard, le même fonctionnaire de police vit encore sous la menace d'une vengeance qui a désormais deux motifs : la mort d'un jeune homme pourtant tué en état de légitime défense, et celle d'Amedy Coulibaly.

La légitime défense des policiers est un sujet grave, qui mérite d'autres propos que ceux que nous venons d'entendre, comme le présent texte mérite un meilleur sort que celui qu'on lui réserve ; c'est en tout cas sur le fondement d'une expérience concrète que je lui apporte mon soutien.

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