Intervention de Jean-Pierre Door

Séance en hémicycle du 31 mars 2015 à 15h00
Modernisation du système de santé — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Pierre Door :

Monsieur le président, madame la ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes, madame la rapporteure, je vous le dis en préambule : le groupe UMP ne votera pas ce projet de loi parce qu’il n’est pas crédible et qu’il est totalement irresponsable. Il méritait mieux qu’un tel entêtement et que cette surdité gouvernementale. Il méritait surtout une réforme structurelle élaborée en concertation avec tous les acteurs de la santé, ce qui n’est pas le cas.

Je l’ai dit tout à l’heure : le monde de la santé est en colère. Il vous l’a martelé le 15 mars en battant le pavé de Paris par milliers. Les professionnels de santé vous disent que les conditions d’une réforme partagée ne sont pas réunies, mais vous coalisez nombre de frustrations et de mécontentements.

Après avoir saisi le Premier ministre, nous pouvions espérer le retrait du texte, mais le Gouvernement a choisi de rester sourd aux demandes et de se couper de la jeunesse, c’est-à-dire des médecins de demain. Le résultat est sans appel : vous avez choisi à tort les urnes contre les blouses blanches, et c’est un carton rouge que les Français vous ont donné ce dimanche.

De même, vous avez négligé le travail des députés de l’opposition que nous sommes, mais aussi de votre majorité, par votre attitude qui a consisté à réécrire en urgence le texte à quarante-huit heures de la réunion de la commission des affaires sociales, puis à décider d’engager la procédure accélérée. Comme l’a dit M. Accoyer, c’est le signal évident d’un passage en force et d’un projet de loi mal né.

Vous en modifiez le titre et nombre de dispositions à la sauvette. Vous nous bombardez de surcroît de 65 nouveaux amendements à la veille du débat. Sur une centaine d’articles, rien n’est susceptible d’accompagner cette modification. Ce texte ne comporte rien sur la politique de la médecine générale capable de relancer l’amélioration de l’accès aux soins, ni rien non plus en direction de la médecine de ville qui traverse une crise profonde, les jeunes se détournant de l’installation dans tout le territoire.

Vous vous trompez de réforme, madame la ministre. La stratégie nationale de santé formulait certes quelques recommandations que nous aurions soutenues, comme le décloisonnement de l’hôpital, la promotion de la santé, le développement des parcours de soins pour les affections chroniques, la valorisation des nouveaux métiers et la garantie de la pertinence des actes, mais elle constitue une occasion franchement ratée, un simulacre de concertation. Au lieu de déshospitaliser le pays, vous renforcez l’hôpital. L’idéologie socialiste est exacerbée par votre orchestration du démantèlement de la convention nationale au profit de conventions individuelles.

Vous faites du tiers payant généralisé un symbole de votre quinquennat, alors que l’on sait qu’il sera chronophage et source d’erreurs et qu’il générera des coûts de gestion importants pour l’assurance maladie et pour les médecins – même l’Inspection générale des affaires sociales évoque un surcoût de 3,50 euros par acte.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion