Intervention de Laurent Sindic

Réunion du 2 avril 2015 à 8h00
Commission d'enquête sur les missions et modalités du maintien de l'ordre républicain dans un contexte de respect des libertés publiques et du droit de manifestation, ainsi que de protection des personnes et des biens

Laurent Sindic, délégué du syndicat des commissaires de la police nationale :

Je suis venu spécialement de Toulouse, où je suis commissaire de police et chef du service de sécurité de proximité, pour vous exposer mon expérience des manifestations anti-Sivens, qui ont eu lieu après la mort regrettable et dramatique de Rémi Fraisse. J'ai été amené à gérer ou à participer à la gestion de cinq manifestations très violentes qui ont dégénéré.

Lors de la première manifestation, organisée au lendemain de la mort de Rémi Fraisse, je suis parti à Albi, à la demande de mon directeur central. Les manifestants devaient se recueillir et rendre hommage à la personne décédée. Dans ce genre de situation, comme nous avons pu le constater en janvier après les actes terroristes ignobles commis à Paris, la manifestation est un moment solennel, calme.

Or, à Albi, nous n'avons pas eu affaire à ce type de manifestants. Près de la moitié des 600 manifestants était constituée de gens très déterminés, organisés, cagoulés et armés qui ont immédiatement commis des violences sur les forces de police. Quelle a été la réaction de ces dernières ? Elles ont repoussé le plus longtemps possible l'usage de la force et, c'est important de le souligner, il y a eu quarante et un blessés dans leurs rangs. Comme tous les intervenants l'ont dit, le professionnalisme et le sang-froid de nos forces de l'ordre sont reconnus bien au-delà de nos frontières.

Toulouse a été le théâtre de quatre manifestations violentes : le 1er novembre, le 8 novembre, le 22 novembre, et le 21 février dernier. Pour illustrer mon propos, je voudrais vous faire passer des photos qui vont vous montrer des groupes. Peut-on les qualifier de casseurs ou, compte tenu de leur tenue, de Black Blocs ? Pour moi, ce sont des délinquants, des gens qui n'ont aucune envie de revendiquer, qui rejettent toute forme de société, tout symbole d'autorité. Quand ils noyautent une manifestation, quand ils se mêlent à des gens pacifiques qui exercent leur droit constitutionnel à manifester, ils n'ont qu'une intention : casser et commettre le plus grand nombre de violences possibles sur les forces de l'ordre, voire sur la population, ce qui est très inquiétant. D'où le changement d'approche dans la technique du maintien de l'ordre.

Pendant longtemps, la philosophie française du maintien de l'ordre a consisté à maintenir les manifestants à distance, pour ne pas générer de blessures, puis à les disperser pour contenir et maîtriser les troubles à l'ordre public. Ces groupes qui s'immiscent au coeur d'une manifestation pacifique en profitent pour commettre de nombreuses violences. Comment font les forces de l'ordre pour écarter les manifestants pacifiques tout en allant interpeller ces individus radicaux et casseurs que je qualifie de délinquants ? Acceptez-vous, monsieur le président, que je vous fasse passer des photos qui illustrent mon propos ?

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