Intervention de Denis Hurth

Réunion du 2 avril 2015 à 10h00
Commission d'enquête sur les missions et modalités du maintien de l'ordre républicain dans un contexte de respect des libertés publiques et du droit de manifestation, ainsi que de protection des personnes et des biens

Denis Hurth, délégué régional de l'UNSA Police, chargé de la formation :

La formation est en effet le nerf de la guerre, et c'est encore plus vrai depuis la note du 8 novembre 2012, qui fixe une nouvelle doctrine d'emploi, laquelle n'est pas sans poser problème, notamment en ce qui concerne les nouveaux équipements. Nous avons, par exemple, été dotés de visières pare-balles, mais nous avons dû constater, lors des sessions de formation, que ces visières n'étaient pas du tout pratiques : il fallait en effet les ajuster sur les casques traditionnels, se rendre pour cela dans un box, ôter l'ancienne visière et visser la nouvelle. Au-delà de la perte de temps que représentait une telle manipulation, bien souvent elle était inutile car les vis ne tenaient pas. Avertie du problème, la Direction centrale a pris la décision de fournir des casques déjà équipés de visières pare-balles, mais porter un casque sans contrepoids équipé d'une visière de 1,8 kilo provoque rapidement des douleurs cervicales. Il faut donc s'adapter au nouveau matériel, ce qui n'est pas toujours évident. Je prendrai ici un autre exemple, celui de l'AMD – armement et moyen de défense. Les mallettes pédagogiques que nous distribue la Direction des ressources et des compétences de la police nationale (DRCPN) contiennent les procédures permettant d'habiliter un fonctionnaire au port de l'AMD, qui est un fusil d'épaule. Le fonctionnaire doit d'abord tirer cinq cartouches permettant d'évaluer s'il atteint sa cible, puis il procède à un tir couché, à un tir à genoux et à un tir derrière abri. À l'issue de ces tirs, il a vidé son arme et il lui faut donc procéder à une transition d'arme, laquelle est impossible car la sangle de l'AMD est trop courte pour les nouveaux gilets pare-balles et empêche d'épauler.

Enfin, les formations sont également affectées par la baisse des effectifs : lorsqu'une compagnie manque de formateurs, elle va en chercher dans les compagnies voisines. Mais, comme au football, il est difficile pour un entraîneur de travailler avec une équipe qu'il ne connaît pas. Il est donc indispensable de former davantage de formateurs aux techniques de sécurité en intervention, ce que n'accepte pas toujours la Direction centrale, souvent réticente à envoyer les fonctionnaires en formation. Il reste donc beaucoup à faire pour que la formation soit réellement adaptée aux besoins du terrain.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion