Intervention de Jacqueline Fraysse

Séance en hémicycle du 8 avril 2015 à 21h45
Modernisation du système de santé — Article 17

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacqueline Fraysse :

Je ne vais pas revenir sur les arguments qui ont été avancés par ceux de mes collègues qui siègent du même côté que moi de l’hémicycle. Je veux simplement dire, en me fondant aussi sur mon expérience, puisque je suis médecin et que j’ai vécu, moi aussi, des situations dramatiques comme celles que M. Debré a évoquées à l’instant, que l’IVG n’est jamais un acte banal. Je crois que nous pouvons partager ce point de vue. C’est un acte qui laisse toujours des traces, et des traces douloureuses – il en laisse plus ou moins, mais elles sont toujours douloureuses.

Alors, bien sûr, on peut s’interroger sur le raccourcissement du délai de réflexion. D’ailleurs, des orateurs de l’opposition l’ont rappelé, quoique d’une manière très désobligeante, en commission, madame la ministre elle-même a fait part de ses interrogations.

Je dois dire que je trouve cela plutôt rassurant. Moi aussi, je me suis interrogée, parce que, effectivement, il s’agit de situations compliquées. Est-ce qu’on ne doit pas réfléchir ? Alors, bien sûr, nous nous interrogeons, et c’est plutôt rassurant, mais pourquoi donc accepté-je finalement cette proposition de suppression ? Parce que j’ai écouté les arguments des professionnels qui, tous les jours, sont confrontés à ces situations. Ils nous disent notamment de faire attention à ce délai qui retarde l’intervention et qui risque de placer la personne concernée, précisément, hors des délais dans lesquels l’IVG est possible. Bref, j’ai entendu ces arguments, qu’on peut prendre ou laisser – pour ma part, je les prends.

J’ai aussi – surtout, peut-être – entendu ce que disent les femmes elles-mêmes, les femmes qui vivent ces situations. Et je crois, chers collègues, que vous pourriez peut-être, quand même, entendre ce que disent les personnes directement concernées, cela pourrait faire évoluer vos opinions. Elles vous appartiennent, certes, mais, tout de même, vous n’êtes pas directement concernés. Je vous propose donc de sortir de votre posture et de respecter, tout simplement, les demandes qui sont formulées par les intéressées. C’est quand même le b.a.-ba de la démocratie.

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