Intervention de Hervé Gaymard

Réunion du 8 avril 2015 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHervé Gaymard, président de la mission d'information :

Avant la période de glaciation du XVème siècle, le Groenland était habité par des Scandinaves qui l'avaient baptisé « Greenland », le pays vert. En effet, à l'époque, ce n'était pas une zone glacée. Les archéologues et historiens estiment d'ailleurs que les premières populations ayant migré sur le continent nord-américain étaient passées par ce Greenland. Il y a eu ensuite une période de glaciation pendant laquelle toutes les populations ont été éliminées, mis à part les ancêtres des Inuits actuels. Puis, à partir du XVIème et du XVIIème siècles, le Groenland est devenu une terre danoise, avec des relations compliquées avec la couronne. En effet, après l'adhésion du Danemark à l'Union européenne en 1973, le Groenland en a fait partie intégrante. Mais ensuite, une négociation spécifique a été entamée pour que le Groenland sorte de l'UE. Actuellement, la situation est compliquée. Jean-Paul Bacquet parlait du cri d'alarme de Jean Malaurie. Jean Malaurie a lui-même reconnu que sa position était contradictoire : il a milité pour l'autonomie puis l'indépendance des autochtones du Groenland, mais il en reconnaît aussi les risques. Mentalement, le Danemark a cessé de penser à une souveraineté territoriale ailleurs que sur son « pré carré » – le pays a renoncé à ses colonies (îles Vierges, Islande) avant et pendant la Première guerre mondiale – et une grande partie de l'opinion publique danoise souhaite un retrait du Groenland. C'est une question disputée au sein des autorités danoises. Il s'agit d'un sujet compliqué, car le Groenland, grand pays avec peu de population, a une élite susceptible d'être influençable.

Je voudrais faire une dernière remarque pour rebondir sur ce qu'a dit Jacques Myard. Pompidou a déclaré, lors de son discours sur la crise du monde moderne à Nice en 1967, que l'action devait être la soeur du rêve. Il disait qu'il faut élever la ligne d'horizon et ne pas se contenter des pesanteurs de la souveraineté. Je pense que sur les pôles Nord et Sud, il faut résolument une action internationale, même si cela peut paraitre à court terme vain, naïf ou idéaliste. Il est important de garder cette part d'idéalisme.

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