Intervention de Albéric Dumont

Réunion du 16 avril 2015 à 8h30
Commission d'enquête sur les missions et modalités du maintien de l'ordre républicain dans un contexte de respect des libertés publiques et du droit de manifestation, ainsi que de protection des personnes et des biens

Albéric Dumont, coordinateur général de la « Manif pour tous » :

En effet, mais simplement parce que l'idée que les manifestations seraient interdites dans ce secteur, reprise par M. Vaillant, me gênait et qu'il me semblait important de souligner ce point.

En ce qui concerne les incidents – puisque c'est le terme à la mode – qui ont pu survenir au cours des manifestations, toute manifestation sur la voie publique comporte des risques et son lot de fauteurs de troubles. Tous les organisateurs d'événements que vous avez auditionnés en sont d'accord. On le voit lors de la Techno Parade ou de la foire du Trône, qui sont pourtant des manifestations festives. Chacun a son boulet.

Toutefois, la seule manifestation lors de laquelle il y ait eu des incidents pendant les horaires et sur les parcours déclarés par la « Manif pour tous » est celle du 24 mars. Vous pourrez demander tous les rapports de police, vous ne trouverez trace d'aucun incident à d'autres moments.

Pourquoi le 24 mars ? C'est ce que j'ai tenté de vous expliquer tout à l'heure, peut-être maladroitement : à cause du phénomène de poussée naturelle de la foule. Nous étions condensés dans une avenue sans issue de secours. Nous avions prévu deux allées de dégagement, par la rue de Tilsitt et l'avenue Carnot d'un côté, par l'avenue Foch de l'autre. Pour l'anecdote, j'avais même parié avec l'un des hauts fonctionnaires de la préfecture que nous remplirions aussi ces deux avenues, ce qui rendrait l'évacuation impossible. Il m'a répondu : « Si vous remplissez ne serait-ce que l'une d'entre elles, je vous offre une caisse de champagne ! » En définitive, ces deux axes ont été remplis au même titre que l'avenue de la Grande-Armée, personne ne pouvait en sortir, et je peux vous assurer que la compression était intense. Dans une telle situation, naturellement, des gens avancent vers le barrage, des gens s'excitent, ce qui peut entraîner une surréaction des forces de l'ordre. Mais c'est, je le répète, le seul incident que l'on puisse déplorer dans le cadre des itinéraires et horaires déclarés par la « Manif pour tous ».

Il y a eu des problèmes – nous ne nous en sommes jamais cachés – lors des manifestations auxquelles vous avez fait allusion, organisées en semaine puisque nous manifestions tous les jours pendant l'examen du texte à l'Assemblée nationale. Tout se passait très bien jusqu'à l'arrivée de notre cortège au carrefour de la rue de l'Université et de l'esplanade des Invalides, après quoi nous étions rejoints par des groupes de perturbateurs venus dans la seule intention de perturber l'événement et d'esquinter les forces de l'ordre. Mais c'était toujours après la manifestation.

Pour revenir au 24 mars, puisque ce sujet semble tenir à coeur au préfet de police, sachez que celui-ci m'a personnellement appelé ce jour-là pour me demander d'aller déployer notre service d'ordre sur les Champs-Élysées, afin de l'aider à les faire évacuer. Les Champs-Élysées, lui ai-je répondu, nous étaient interdits par une décision de justice ; je n'ai donc évidemment pas pu y engager nos équipes.

Vous parlez de la jeunesse de notre mouvement, qui est d'ailleurs pour nous une source de fierté.

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