Intervention de Pierre Lellouche

Réunion du 7 avril 2015 à 16h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Lellouche :

Je vous remercie, monsieur le ministre, pour l'honnêteté de votre exposé sur l'accord-cadre. Vous êtes dans une situation difficile, car on a le sentiment que l'essentiel de la négociation a été cuisiné entre Américains et Iraniens depuis longtemps, si bien que l'on est assez loin de la position de départ : le droit des Iraniens d'enrichir l'uranium est consacré, aucune de leurs installations ne ferme, 6 000 centrifugeuses restent à Natanz et un millier à Fordow, et le réacteur d'Arak est modifié mais non démantelé. On peut aussi se demander si la Russie prendra effectivement sur son sol les dix – et non huit – tonnes d'uranium dont disposent les Iraniens. Enfin, au Conseil de sécurité, le droit de veto rend l'éventuel rétablissement des sanctions très compliqué. Tout cela fait que dans treize ans, le programme iranien sera « au seuil nucléaire», à deux ou trois mois de la fabrication possible d'une arme atomique. Tout dépend donc des considérations politiques et des alliances du moment. Si l'on pense, et c'est la thèse américaine, que le moment et venu de se rapprocher des chiites, tout ira peut-être bien ; mais si l'on envisage un affrontement appelé à durer plusieurs décennies, il en va tout autrement, car entre-temps les Saoudiens, les Tucs ou encore les Qataris iront s'approvisionner en ressources nucléaires à Islamabad. Dans ce contexte, en conscience, cet accord-cadre est-il souhaitable ? Ne faut-il pas laisser l'Iran face à ses responsabilités ? Récompenser le régime iranien en reprenant le dialogue et la coopération économique, n'est-ce pas le faire gagner sur toute la ligne ? Est-ce vraiment le meilleur signal possible pour contenir la prolifération nucléaire ? J'observe enfin que la Maison blanche a immédiatement rendu publics les détails de l'accord.

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