Intervention de André Chassaigne

Séance en hémicycle du 19 mai 2015 à 9h30
Questions orales sans débat — Consolidation de la production laitière en zone de montagne.

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAndré Chassaigne :

Le 31 mars 2015 a marqué la fin des quotas laitiers. Vous le savez, les parlementaires communistes ont avec constance dénoncé l’abandon, après trente années d’existence, de cet outil de gestion des volumes au niveau européen. Cet abandon intervient alors même que les producteurs se trouvent dans une situation désastreuse, puisqu’ils sont déjà soumis à l’extrême volatilité des prix et à une libéralisation du secteur conduite à marche forcée à la demande de la Commission européenne. Ainsi, les producteurs perdent un des derniers leviers permettant une équité de traitement dans les redistributions, une répartition des besoins en lait des industriels sur l’ensemble du territoire, une défense collective des producteurs sur les prix d’achat et le maintien de la collecte dans chaque zone géographique, qui protégeait notamment les zones défavorisées et de montagne.

En réalité, c’est tout l’équilibre entre l’offre et la demande qui est remis en cause, alors que les mesures de contractualisation se sont avérées totalement inefficaces. Déjà, en 2014, l’octroi de quotas laitiers supplémentaires par les industriels, sous la pression de la grande distribution, a largement déstabilisé les marchés et fait chuter les prix. L’objectif de cette libéralisation de la production laitière, tout au service des grands opérateurs de marché et de la distribution alimentaire, est simple : concentrer l’offre laitière sur les territoires et les exploitations les plus performantes pour faire chuter les prix d’achat. Ce n’est ni plus ni moins qu’un vaste plan d’ajustement territorial et financier du secteur laitier.

Bien entendu, tout porte à penser que les zones de montagne et de piémont seront les premières victimes de ces choix libéraux, d’autant que les représentants interprofessionnels des bassins laitiers de montagne, par exemple en Auvergne-Limousin, déplorent la non-reconduction de dispositifs de soutien comme le programme lait de montagne financé par FranceAgriMer, avec des aides spécifiques aux investissements en faveur de la collecte, aux appellations d’origine protégée – AOP – ou à l’innovation. Clairement, ces soutiens spécifiques à la collecte laitière en zone de montagne constituent une condition sine qua non du maintien d’un élevage laitier dans ce contexte d’abandon politique européen.

Aussi, monsieur le secrétaire d’État, ma question est double. Quels engagements comptez-vous prendre en France et porter au niveau européen pour faire face à la menace d’une restructuration de grande ampleur de notre élevage laitier ? Quels soutiens concrets entendez-vous apporter pour garantir le maintien de l’élevage laitier en zone défavorisée et de montagne, comme en Auvergne-Limousin ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion