Intervention de Jean Leonetti

Séance en hémicycle du 4 juillet 2012 à 15h00
Débat sur les résultats du conseil européen des 28 et 29 juin 2012

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean Leonetti :

La France a obtenu une victoire en trompe-l'oeil : elle a su, avec beaucoup d'habileté, et je vous en rends grâce, transformer l'humiliation des reniements successifs en un triomphe de petits arrangements accumulés. Et là-dedans, franchement, Monsieur le Ministre, à titre personnel, je vous le dis : à propos du brevet, la négociation n'aurait jamais dû aboutir dans les conditions que vous avez acceptées. La France avait imposé à 25 pays sur 27 que le siège central du brevet soit Paris. C'était un élément sur lequel, à la suite d'une nuit de négociations, nous n'avions pas transigé. Vous l'avez dispersé à Munich, Londres et Paris en échange d'un petit accord : cela montre une fois de plus que vous avez renoncé à défendre l'intérêt de la France. L'habileté, finalement, ça ne suffit pas.

Vous êtes en train de louer ce que vous avez combattu. Comme dans la fable de la Fontaine intitulée Le geai paré des plumes du paon, vous avez ramassé quelques plumes de paon et vous avez dit qu'elles étaient à vous, alors qu'en réalité vous n'aviez que le plumage du geai. Mais il y a pire, et une autre fable, La mouche du coche, me paraît encore plus adaptée à la situation. La mouche pique l'un et l'autre, feint de faire monter le coche jusqu'au sommet, alors que les chevaux sont exténués et que tout le monde essaie de faire arriver le coche européen au sommet de sa constitution et de son organisation. La mouche se satisfait, elle tire à elle toute la gloire alors qu'elle n'a fait que bourdonner. Eh bien, il va falloir passer à autre chose, il va falloir cesser de bourdonner et passer de la mouche à l'abeille pour construire effectivement la maison européenne, comme une maison dans laquelle chacun a des droits et des devoirs et où chacun rencontre l'épreuve de vérité au moment de l'exercice du pouvoir.

Et certes personne ne peut reprocher à ce gouvernement de se trouver devant un certain nombre de difficultés au niveau européen et d'avoir à construire une Europe plus intégrée et, osons le mot, plus fédérale, au niveau de la gestion monétaire et au niveau de la gestion économique.

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