Intervention de Alain-Gérard Slama

Réunion du 22 mai 2015 à 9h00
Groupe de travail sur l'avenir des institutions

Alain-Gérard Slama :

Je n'ai pas obtenu de réponse à mes questions. Vous avez, madame, déformé mon propos, assimilant ma représentation de la société à celle de Charles Maurras redoutant la menace des États confédérés. Je suis désolé, mais je ne suis vraiment pas maurrassien, ni monarchiste.

En réalité, je n'ai rien dit d'autre que ceci. Je comprends parfaitement que la loi ait pour objet la protection, la défense et la promotion de tous ceux qui, au sein de la société, ont absolument besoin, pour des raisons sociales, d'origine, ou à cause de préjugés, d'être reconnus. Simplement, cette reconnaissance exige-t-elle que l'on segmente la société française en groupes qui auraient chacun leurs représentants propres, lesquels ne représenteraient donc plus toute la nation ?

Ne faut-il pas miser sur le travail législatif pour faire progresser l'égalité entre ces groupes, plutôt que d'intégrer ainsi la fragmentation du corps social au processus même de fabrication de la loi ? Plus la société comptera d'acteurs protégés et reconnus, plus ceux-ci s'investiront naturellement dans une représentation qui fera en sorte que, comme vous le souhaitez, il y ait davantage de représentants en lesquels le corps social et surtout les plus défavorisés puissent se reconnaître. Si en revanche cette reconnaissance intervient au stade de fabrication de la loi, au lieu d'être l'objet de celle-ci, on entérinera l'intériorisation par les citoyens de la prévalence de leur intérêt de groupe sur l'intérêt général. Ce problème, qui relève de la psychologie sociale plutôt que du droit, fait partie de ceux qui fragmentent notre société et la rendent de plus en plus difficile à gouverner.

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