Intervention de Christine Lazerges

Réunion du 22 mai 2015 à 9h00
Groupe de travail sur l'avenir des institutions

Christine Lazerges :

On a employé à plusieurs reprises l'expression de « discrimination positive » alors qu'il serait plus judicieux d'évoquer la discrimination négative dont souffrent les personnes exclues des responsabilités politiques. Autour de cette table, nous avons sans doute bénéficié de discriminations positives et nous devons nous interroger sur les raisons pour lesquelles certains subissent tant de discriminations négatives. Si nous ne posons pas cette question, nous n'améliorerons pas la représentativité.

Je suis réservée sur le système des binômes destiné à accroître la représentation des femmes : il se révèle positif pour donner une impulsion, mais on ne doit pas le maintenir durablement. Très peu de femmes sont présidentes ou vice-présidentes des conseils départementaux ; ainsi, dans certains départements, à peine 20 % des vice-présidents sont des femmes alors que celles-ci composent la moitié de l'assemblée départementale. Les femmes peuvent refuser d'exercer de telles fonctions pour des raisons de disponibilité. Dans une famille de quatre enfants, si les hommes n'aident pas leurs femmes, il est impossible pour celles-ci de se rendre trois fois par semaine à des réunions organisées en fin de journée ou en soirée. La situation diffère dans les pays nordiques où les ministres rentrent chez eux à dix-huit heures. Ainsi, beaucoup de femmes renoncent ou attendent d'avoir un certain âge pour devenir actives politiquement ou pour participer à la vie associative. Si l'on ne prend pas conscience de cet état de fait, les mesures de discrimination positive s'avéreront inutiles.

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