Intervention de Benoît Hamon

Séance en hémicycle du 28 mai 2015 à 21h30
Dialogue social et emploi — Après l'article 19

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBenoît Hamon :

Monsieur le ministre, monsieur le rapporteur, mes chers collègues, je dirai quelques mots sur le burn-out.

Le burn-out existe et il concerne des milliers de nos compatriotes salariés, sans distinction entre les salariés du public et ceux du privé, ni entre les fonctions qu’ils occupent. Il frappe aussi bien les travailleurs indépendants que les salariés des grandes entreprises. Tout le monde peut être exposé au burn-out.

M. le ministre vient de dire que notre priorité doit être la prévention et il a raison. Je salue à mon tour le travail qui a été réalisé par le Conseil d’orientation sur les conditions de travail, en lien avec la direction générale du travail, pour établir un guide. Ce guide est bienvenu, mais que pèsera-t-il face à l’évolution de l’organisation du travail ? Celle-ci est liée à plusieurs facteurs. Aujourd’hui les salariés sont soumis à des exigences de rentabilité à court terme de plus en plus fortes et ils sont intégrés à la performance globale de l’entreprise, ce qui fait peser sur eux des pressions très fortes. En outre, l’irruption des nouvelles technologies conduit à ce que les salariés ne se déconnectent plus de leur travail : même après avoir quitté l’entreprise, ils sont encore au travail. De telles pressions pèsent lourdement sur leur santé.

Ce guide sera sans doute utile à bon nombre de chefs d’entreprise, mais il leur faudra résister aux exigences de leurs actionnaires lorsqu’ils demanderont des modifications de l’organisation du travail qui pèsent lourdement sur les salariés.

C’est la raison pour laquelle nous avons souhaité ouvrir ce débat et je salue le travail précurseur qu’a réalisé notre collègue Marie-Françoise Bechtel sur la question du burn-out. Elle s’y intéresse et sensibilise les parlementaires depuis longtemps. Elle a raison puisqu’il s’agit d’un mal moderne du travail auquel des centaines de milliers de nos compatriotes se sentent exposés.

Deux voies existent : la première consiste à inscrire le burn-out au tableau des maladies professionnelles. Ce serait incontestablement la meilleure solution, mais il n’y a pas, aujourd’hui, de consensus entre les organisations syndicales et patronales sur le syndrome d’épuisement professionnel. On peut comprendre la position des organisations patronales, qui ne sont pas très pressées d’avancer sur ce sujet, pas plus qu’elles ne l’ont été pour établir les critères et les facteurs de la pénibilité. Mais l’absence de consensus nous empêche de procéder à l’inscription du burn-out au tableau des maladies professionnelles, ce qui relève de l’initiative des partenaires sociaux. Nous saurons dans une minute si le Gouvernement entend reprendre la main à un moment ou à un autre.

La deuxième voie, évoquée par le ministre, est la suivante : dès lors qu’une maladie n’est pas inscrite au tableau des maladies professionnelles, on peut laisser chaque personne victime d’un burn-out le soin de solliciter sa reconnaissance en tant que maladie professionnelle. Or, aujourd’hui, c’est un véritable parcours du combattant. Pourquoi ? Parce qu’il existe un seuil de 25 % d’incapacité permanente, que quasiment aucune affection psychique liée au travail ne peut atteindre.

Le résultat est qu’en France nous devons avoir 200 cas de burn-out reconnus comme maladie professionnelle, contre 11 000 en Belgique.

Je pense qu’il faut que nous avancions dans les deux voies. La proposition d’amendement du Gouvernement, à mes yeux, va dans ce sens. Elle ouvre le débat qui devrait nous permettre d’inscrire le burn-out au tableau des maladies professionnelles ou bien d’abaisser le seuil, voire le supprimer comme c’est le cas en Suède, afin que tous les cas soient éligibles, donc examinés. Ce serait un grand progrès. On demande aux entreprises de s’adapter à la mondialisation et elles le font. Il faut aussi adapter la protection des salariés.

1 commentaire :

Le 11/12/2015 à 09:07, MOREAU SYLVIE a dit :

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Monsieur le Député,

Le 10/12/14 après un burn-out, j'ai commis un acte irréparable UNE Défenestration.

Je vous avez exposé les faits, il y a quelques minutes mais mon ordinateur a coupé. Je ne sais pas si vous avez reçu mon commentaire.

Le 09 Décembre courant, j'ai reçu un avis défavorable de la CRRMP de NANTES pour le motif suivant :

Pas de lien direct avec mon activité professionnelle pourtant dossier fait à la demande du Médecin du Travail de mon Entreprise qui n'a jamais reçu de réponse à ses courriers adressés à ma Direction, mon médecin psychiatre, médecin traitant, contrôleur du travail et assistante sociale de la CARSAT SERVICE SOCIAL.

Aussi, je souhaiterais vous rencontrer ou un autre député de votre groupe pour vous expliquer et exposer le dossier. Je ne cherche pas à récupérer de l'Argent mais seulement à récupérer mes droits car cela fait 26 ans que je suis dans l'entreprise.

Aujourd'hui, l'entreprise a GAGNE car pour elle ce n'était pas d'ordre professionnel et la commission a été dans son sens.

Je vais faire appel, dans un délai de deux mois, comme me l'a conseillé le Médecin du Travail et le Responsable du Contrôleur du Travail

Comptant sur votre collaboration et dans l'attente de vous lire

Salutations distinguées

MOREAU SYLVIE

14 RUE DU PRESSOIR - APT 8

49124SAINT BARTHELEMY D'ANJOU

TEL : 0241933546 ou 0681860919

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